Accueil du site - 2007 - 08- Août 2007

Profession philosophe ?

Publié le mardi 14 août 2007.


À l’évidence, on peut faire de toute activité une profession ; sur le plan strictement lucratif, cela prend ou ne prend pas. Reste qu’une profession est avant-tout l’institutionnalisation des activités licites au contraire de celles, illicites. À partir de là, il est également désigné qui relève ou non d’une profession : on peut s’intéresser à la médecine et même prodiguer des soins, cet intérêt seul assorti même de succès ne fera pas de soi un médecin ; au vrai il existe peu de domaines où l’auto-proclamation est possible, il y a toujours pour le moins une filiation. C’est cette dernière que la profession fait valoir et requiert de tout prétendant. Une autorité se trouve par là instituée et conférée à toute personne entrant dans la profession selon les règles. Ainsi le plombier sait de quoi il parle quand bien même on en sache autant.

L’étymologie de l’autorité est proche de l’auteur, la première dérive de la dernière. On se représente mal un plombier ou un médecin être auteur, quoique possible ; on le figure plus facilement d’un philosophe. Etre auteur est du reste une profession, tout comme il y a une société des auteurs. Ce statut ne détermine pas le contenu, cependant on est auteur en un domaine ; l’autorité est plus forte bien centrée que dilettante. Il importe peu ici de l’oral ou de l’écrit, ce serait ironique envers la philosophie. Mais quiconque est auteur par sa seule expression, bien avant toute profession. Aussi, être philosophe réfère-t-il à la profession d’auteur en philosophie ou bien à tout autre chose, une qualité, une capacité ?

Si il s’agit de l’autorité, une signature suffit ; pourtant, on est auteur de ses propos et gestes. Ce n’est pas équitable car, il ne s’agit pas seulement d’en jouir : la contrepartie est aussi d’en être redevable. Or, cette jouissance n’est pas accordée en dehors de la profession qui seule confère cette signature. Aussi, être un philosophe, est-ce un droit ou un penchant ? Être (un) philosophe ?

Une profession entre l’adjectif et le nom commun peut-elle exister sans quelque spoliation ? Oui, dès lors qu’on prétend qu’avant d’être une qualité il s’agirait d’une identité. L’exercice philosophique n’est pas exigent comparé à l’exercice scientifique, pourtant on a là des adjectifs dans les deux cas que l’identité du nom commun ne saurait consommer sans perdre tout contenu.


Répondre à cet article