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Les créanciers aiment les déficits

mais pas l’inflation
Publié le vendredi 19 octobre 2007.


Pourquoi aiment-ils les déficits ? Mais, toute leur richesse tient du payement de l’intérêt de la dette. Une dette sans intérêt ne présente aucun intérêt ( ah !ah ! ). Alors, pensez donc, plus de déficits, plus de dettes et plus d’intérêts ; remarquez, vous pouvez lire "plus" au sens de "+" comme au sens de "-", c’est aussi vrai.

Eh oui, le plus la dette augmente ou persiste, le plus le taux d’intérêt sera élevé et maintenu. Mais alors en ce cas, si les créanciers affectionnent les déficits de l’État, pourquoi ne pas revaloriser les revenus sociaux par le financement de la dette ? Parce que les créanciers n’aiment pas l’inflation ; à comprendre qu’ils ne préfèrent pas que l’on consomme trop vite, mais modérément et si possible par le crédit, pardi !

Imaginez sinon la spirale inflationniste d’une telle revalorisation, accroissant la demande, donc les prix et de là, une nouvelle revalorisation, et ainsi de suite. Le taux d’inflation augmente et dépasse le taux d’intérêt, qui dès lors, devenant négatif, ne rapporte plus rien en réalité à nos coûteux créanciers cachés derrière toute Banque Centrale. Pour eux, il n’y a qu’une politique : maintenir la tête du débiteur tout juste hors de l’eau.

Et à bien y regarder, les diverses aides sociales tiennent la même politique : ce qu’elles allouent est tout juste suffisant et pour le peu de revenus déclarés, elles sont disproportionnellement minorées ; une logique binaire en somme, 0 ou 1. Si vous avez 0 vous aurez 1 ; si vous avez entre 0 et 1 vous aurez quelque chose proche de 0 ; et si vous avez 1 vous aurez 0.

Malheureusement, ce "1" ne représente rien en pouvoir d’achat ; cette logique s’applique sans pondération de votre situation, toutes les aides suivent le même mouvement. Elle s’applique même selon une discrimination statuaire : si vous êtes indépendant, vous aurez droit à moins que si vous êtes salarié. Cette politique de la bouée tient de l’idéologie selon laquelle il ne faudrait point satisfaire la paresse ; c’est certainement vrai. Mais la véritable contrainte est le maintient de l’inflation au plus bas ; en vérité un taux d’intérêt réel positif.

Par ailleurs, couplé à cette logique binaire et pour vous en sortir, vous n’avez pas d’autre choix que tout ou rien. À comprendre que ce "1" représentant peu, il vous faut de suite, disons, "2". Et si toutes activités salariées ou non ne le permettent pas, alors vous restez dans la bouée. Quitte à vivre inconfortablement, autant ne pas suer, non ? Et ce n’est pas là de la paresse : ironiquement, c’est un calcul économétrique fondé et pertinent ! En définitive cette politique est contre-productive en n’accompagnant point la sortie de ces bénéficiaires, par exemple si vous avez 1 vous aurez quand même 1 ; ainsi en tout vous aurez 2.

Une telle politique ne serait rien d’autre qu’un subventionnement des revenus d’activités ( salaires et autres ). Une aubaine pour tout employeur, en fait pour tous ; mieux vaut cela que de subventionner des emplois et contrats caduques, démotivant au possible et à seule fin statistique. Alors pourquoi ne pas le faire ? Parce que cela se ferait encore par la dette, mais favorisant la consommation, au détriment alors des créanciers. Plus simplement pour ces derniers, seule la politique de la bouées prévaut, leur politique ; donc tout autre politique est exclue.

Mais que préfèrent-ils donc financer ces gens-là ? Les grands chantiers, les infrastructures et tout ce qui permet une réduction des effectifs de l’État pour laisser le champ libre au privé. Ils sont de toute façon gagnants, les États européens s’étant engagés à maîtriser leurs déficits, ils doivent donc satisfaire au désendettement, car c’est désormais le service de la dette qui aggrave le déficit ; donc à un moment où un autre les États doivent vendre leurs biens. C’est-à-dire les actifs qu’ils ont financés en grande partie par la dette ; chose politiquement plus acceptable que par les impôts.

Et c’est là toute l’arnaque médiatique. On nous parle de la dette de l’État, on nous reporte son montant par tête de pipe, une somme conséquente que d’aucun n’a dans sa poche et quand bien même, il restera le service de la dette à payer. Mais on nous ne parle jamais du montant de l’actif que ses emprunts ont permis de constituer, on ne nous le reporte pas non plus par tête de pipe. Et bien, vous savez quoi ? Nous sommes bien plus riches qu’endettés.


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