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De la difficulté d’être un homme politique

Roland Garros et les sans papiers de Poitiers...
Publié le vendredi 2 juin 2006.


C’est ainsi depuis déjà quelques temps. Il me semble qu’une grande partie de la population se laisse piéger par les impressions qu’on veut bien leur laisser. Je m’entends dire qu’il est désormais interdit de parler et de se prononcer sur nos politiques quels qu’ils soient.

Au nom d’une prétendue lucidité et d’une intelligence d’analyse de la situation qui reste à prouver, il se dit un peu partout que : « quand même vous savez ils ont un métier difficile ! ... que nous n’imaginerions même pas être à leur place ! etc... ». Bref, j’aimerais bien savoir pourquoi tout à coup et au nom de quoi je devrais cesser d’être exigent avec le comportement déguelasse des hommes politiques dont je dépends, m’interdire un jugement sur ces gens qui nous gouvernent, me bâillonner en m’autoproclamant inapte au jugement et dépourvu de la moindre conscience démocratique ? Il est vrai, je ne me sens pas encore capable de bien penser. Cependant, je m’autorise à hurler bien haut mon mécontentement d’individu lambda, quand je vois un ministre en plein paradoxe.

Des personnes de couleur font la grève de la faim à Poitiers et le ministre qui souhaite les voir disparaître se trouve au même moment dans les tribunes du Roland Garros avec un sourire jusque là, un mercredi après-midi ... J’ai alors soudainement (et je m’excuse de cette non maîtrise que des plus forts que moi seraient parvenus à surmonter sans problèmes) la nausée de voir cet homme encourager, pour une opération de communication, le joueur noir Gaël Monfils qui gagne son match et qui obtient lentement son état civil...

Je considère alors du « bas de ma bassesse » qu’un petit salopard géant qui pavane devant mes yeux sa carcasse dans des tribunes d’un terrain de sport hors de prix ainsi que sa malodorante existence, se paye ma hure, ainsi que ce qu’il reste de ma pensée ! En dehors de toutes considérations politiques, j’estime que ce gugus manque de politesse, de savoir-vivre et de savoir être. Je ne m’insurge même pas qu’il ne soit pas en train de travailler dans son bureau asteure, car j’estime qu’il est parfois bon de s’abstenir de travailler quand on ne travaille qu’à faire resurgir du passé les politiques de l’exclusion.

Par contre, je m’insurge devant les paradoxes qui contribuent à corrompre la situation de l’Etat dans lequel jusqu’à preuve du contraire je continue mon existence, même pitoyable d’être pensant. J’ajoute que la méchanceté est une denrée qui se perd pour le plus grand malheur des « Possesseurs-de papier ». Même les guignols sur canal+, me semblent de ce point de vue diminuer la conscience politique des gens. Ils ne sont plus assez méchants et adoucissent notre droit à la colère en société... Bref, je crache bien haut qu’il est très très très très très très très très très très très très très très très très très très très très très très très très facile d’être aujourd’hui un homme Politique quand on accepte sciemment d’oublier l’indifférence qu’on exerce à l’égard des autres êtres humains, que l’on préfère assister à un match de tennis au lieu de travailler sur soi à être moins con, et qu’on confond son rang (dirigeant politique) avec le grand banditisme très en vogue en ce moment (commercial-à-l’élysée).

Pour finir, je pensais même dans ma grande naïveté, que le sentiment de difficulté du métier d’homme politique était savamment diffusé en amont des discussions, pour laisser croire aux citoyens que nos homo-économicus* ont grand mérite, et qu’il devenait difficile à l’homme de la rue de bien penser, d’y voir clair en cette affaire de spécialistes. Ne fait-on pas en sorte que l’homme de la rue n’ait plus rien qu’à céder à cet égoïsme, plus rien à penser ou dire, qu’à s’accorder bien gentiment et aveuglément avec la pensée de ces "hommo-manipulatus" qui bousillent des tas d’autres êtres humains à des fins d’enrichissement personnel... Et bien non ! je continue à me pronnoncer et m’indigner contre ce qui me semble être de la connerie n’en déplaise aux esprits policiers...

*Chacun sait désormais que ce qu’on appelait jadis « homme politique » a depuis longtemps cédé sa place à « homme économique et financier ».


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