Accueil du site - 2006 - 05-Mai 2006 - Précarisation des unes, des uns et des autres...

Chômeuse qui continue de penser...

Ne pas s’endormir !
Publié le mardi 30 mai 2006.


Je me souviens de mes cours de philosophie de terminale avec beaucoup de nostalgie. Ma situation actuelle m’oblige à repenser à cet enseignement qui m’apporte une aide véritable au quotidien.
J’étais persuadé qu’avec mon parcours scolaire plutôt bon (je possède une licence d’histoire), j’allais pouvoir obtenir un travail et fonder un foyer. La réalité se trouve être bien différente. J’ai actuellement beaucoup de mal à me projeter dans l’avenir et à en discuter. J’ai fait il est vrai, le choix de vivre à la campagne. Je suis donc un peu isolée. Internet reste trop coûteux pour moi et mon contrat qui porterait le nom de C.E.S, si nous étions dans les années 80, me contraint à apporter un témoignage depuis l’ordinateur d’une amie. La dépression me ronge doucement. Je n’envisage plus de fonder un foyer sans un minimum de garanties professionnelles. Tout le monde autour de moi semble ne pas comprendre ma détresse. J’entends un peu partout des gens dire : « il te faut accepter n’importe quoi ». Mais je n’ai pas envie d’abandonner mes convictions et mes désirs, dussé-je me désocialiser, ne plus avoir d’adresse. Je ne souhaite pas tomber dans le piège des formations qui ne mènent à rien d’intéressant. Je me retrouve victime de mes convictions, alors pour me soutenir je multiplie mes lectures et notamment les lectures philosophiques : mes cours sur le bonheur, et l’ouvrage intitulé De la servitude volontaire qui m’aide à rester debout et que je conseille à tous celles et ceux qui comme moi vivent la précarité. Je me demande où j’en serais sans mes lectures, sans la culture qui me procure une vie intérieure intense voire même salvatrice. Mais je me demande dans le même temps si la culture acquise ne participe pas à me couper du monde... Bref, je pose le sujet suivant et j’attends vos réactions : « Autrefois, le prince s’efforçait de priver les gens de livres et d’éducation pour ne pas qu’ils pensent et qu’ils contestent. Aujourd’hui les choses se sont inversées, mais le résultat est le même... Les politiques ne sont-ils pas en train de nous endormir en multipliant les prétendus accès à la culture, en nous plaçant dans une situation de surinformation où la culture perd son rôle formateur du citoyen, conscient et doué de contestation ? » A vous (CLAIRE 28 ans)

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