Editorial
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Paru dans l'Incendiaire
n°2,
novembre
1997
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Assez régulièrement, les sujets traités lors des
débats philosophiques du mercredi soir sont marqués par
le thème de la morale et de la politique. En fait, nous nous interrogeons
sur les types de société a priori, mais aussi sur les façons
de faire changer et évoluer notre environnement. Ces débats
sont légitimes, car ils concernent tous les individus sans exception,
en tant que membres d'une société humaine. Aristote écrivait
que l'Homme est un animal politique. L'Homme est en effet contraint de
vivre en Polis (Cité), ce qui l'amène à prendre des
décisions avec ceux qui l'entourent. Ainsi, les Hommes se regroupent
entre eux, et pour chaque société humaine, il existe des
particularités qui la distingue d'une autre. Or, il est intéressant
d'observer le comportement des membres d'un État . généralement,
c' est un comportement réactionnaire. Les individus cherchent à
tout prix à garder un status quo de leurs conditions d'existence,
quelles qu'elles soient. Il est tout à fait légitime de
la part d'une société humaine, de vouloir se protéger
contre ses détracteurs. Ce qui l'est beaucoup moins, c'est de vouloir
stagner dans un état que chacun juge satisfaisant. Nietzsche, pour
décrire cette volonté des États à désirer
cette inertie, parle de Décadence. En effet, ce qui fait la richesse
d'un état, est bien plus que ses acquis présents, c' est
plutôt sa capacité à évoluer vers un devenir.
Nietzsche est très clair sur ce point- Une société
qui ne souhaite que sa conservation et non pas d'avenir (ce qui est le
cas actuellement dans nos sociétés occidentales) court à
sa perte . il parle de société abrutissante, ou encore de
société débilisante, voire nihiliste (autodestructrice).
En fait, les Hommes doivent lutter contre leurs penchants naturels à
vouloir se protéger coûte que coûte. Il suffit pour
s'en rendre compte, de se rappeler l'adage . un vaut mieux que deux tu
l'auras. C'est contre ce principe que le philosophe allemand écrit.
Selon lui, il ne faut jamais se satisfaire de son état, mais toujours
vouloir autre chose, c'est à dire vouloir devenir-autre. Nous possédons
tous ce trait de caractère qui consiste à nous protéger
contre un avenir incertain. Il est remarquable de s'apercevoir que même
au débat philosophique du Gil'bar, chacun possède cet aspect
réactionnaire dans sa personnalité. Presque naturellement,
nous sommes portés contre le changement, contre le devenir-autre
pour nous-mêmes et pour notre société. Il est vrai
que la démocratie française ne possède pas que des
défauts. Cependant, le devoir du philosophe est de proposer le
changement, ou plutôt, l'intérêt de la philosophie
réside dans sa capacité à ne jamais vouloir se satisfaire.
Ainsi, elle se doit de tuer en quelque sorte la morale stagnante, celle
qui n'évolue plus. C'est ce que veut faire comprendre Nietzsche
avec sa phrase " Dieu est mort " . Il veut se débarrasser
de la morale qui cherche à fixer une fois pour toute la conduite
humaine. Car d'après lui, la puissance de l'Homme, tient dans sa
volonté de devenir-autre, et de ne jamais se satisfaire. Enfin,
il faut appeler dans quelles circonstances les civilisations antérieures
ont disparues, pour réaliser qu'actuellement, notre société
se conduit de la même façon. En effet, comme elles, les États
ne cherchent plus l'évolution, l'intégration de nouvelles
cultures. Au contraire, ils préfèrent fermer leurs frontières
et vivre en autarcie excluant toute nouveauté. La disparition du
bloc communiste a entraîné la disparition des autres formes
d'utopies politiques, telles que l'Anarchisme ou le Pacifisme par exemple.
Cependant, il ne faut pas que ces utopies soient considérées
seulement comme des vues de l'esprit inutiles. Bien au contraire, elles
correspondent à des contre-pouvoirs auxquels l'on doit porter son
attention afin de changer ce qui le mérite dans nos sociétés.
Actuellement, l'une des fonctions des philosophes est de s'interroger
sur un avenir différent, au risque de choquer une société
qui se dirige vers la Décadence dont parle Nietzsche. C'est bien
à la philosophie d'évoluer, car elle
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