Le bonheur est-il le
privilège des natures imbéciles ?
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Paru dans l'Incendiaire 2ème
génération n°3, décembre
1997
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_ Le bonheur est un état et non une nature. Mais qu'est-ce qu'une nature imbécile ? _ Un imbécile est soit un idiot (au sens péjoratif), soit, au sens social, culturel, quelqu'un qui ne participe pas à la construction des savoirs. C'est une humanité qui veut et qui peut jouir des réponses apportées. Mais alors, peut-on penser le bonheur autrement ? _ A-t-on tort de seulement jouir et de ne pas participer ? _ En fait, c'est un imbécile heureux, quelqu'un qui ferme la porte pour pouvoir continuer à vivre. Il s'enferme pour ne pas voir la misère et ne pas (se) poser de questions. _Pour être heureux, il faut être indifférent. _ Le bonheur pose donc deux problèmes : _ Un subjectif, où on se demande si cet état de mise à distance est égoïste ou si c'est juste de la distanciation. Un objectif, où on se demande si on peut trouver le bonheur passivement... car ne trouve-t-on pas le bonheur que dans l'action ? _ On attend les réponses en patientant (d'où une passion) et on ne sait pas d'où ces réponses arrivent donc il faut s'informer. L'organisation culturelle de l'imbécile ne se réduit pas à une passivité mais à une activité. _ Mais finalement, cet imbécile ne l'est pas tant que ça. Il a ses certitudes et refuse d'en sortir. _ Le bonheur vient-il de l'extérieur ou de soi ? _ On vit dans une société où chacun vit sa propre vie, évolue suivant sa propre conception d'où un bonheur particulier, individuel. _ Pourquoi veut-on être heureux et non malheureux ? Être malheureux, c'est peut-être être heureux ? _ Le problème de chercher éternellement le bonheur est une questions de valeurs, de critères. _ La recherche du bonheur pose une crainte, celle du malheur. Et l'imbécile n'a peut-être pas de crainte ? _ Mais le bonheur n'est-ce pas une anesthésie ? _ Mais ce n'est pas de l’indifférence car le stoïcien n'est pas un imbécile. L'imbécile est un inconscient. _ On est toujours l'imbécile de l'autre, on n'a jamais la conscience complète. La conscience permet-elle d'être heureux ou est-ce l'inconscient qui le donne? _ Il y a deux formes de conscience : _ Une qui a besoin d'un hasard, d'une richesse : elle se satisfait dans une plénitude. _ Une conscience brisée qui a besoin de réponses à ses questions, qui se forme elle même dans une dynamique. C'est une conscience subjective qui se construit en allant vers les autres. _ Mais s'il faut faire un effort, alors on se fait du mal, le bonheur devient pervers. _ Pour réussir sa vie, être heureux, il faut être. _ Le bonheur n'est peut-être qu'une question de mœurs. _ Le bonheur ne vient que d'un besoin, de sa satisfaction. _ Il y a différents types de bonheur : _ Un bonheur sous forme d'ataraxie. _ Un bonheur sous forme de frustration car il faut atteindre, accomplir son désir pour être heureux. _ Ne confondons-nous pas le bonheur et la satisfaction ? _ On ne connaît que son bonheur et non le bonheur. _ Le bonheur a plus une valeur spirituelle que matérialiste. _ Peut-on être heureux seul ? _ Mais si on cherche pourquoi on est heureux alors on le perd. Mais découvrir son bonheur, c'est déjà être heureux : on a la joie de la découverte. _ C'est une jouissance par rapport au commerce. “Le bonheur est ce qui est satisfaisant” (Freud). _ Mais si c'est un orgasme, le bonheur est une inconscience complète. _ On dit que le bonheur se voit sur le visage des imbéciles pourtant on ne peut savoir ce que pense l'autre : les apparences ne suffisent pas à déterminer l'être. _ C'est en oubliant ses problèmes qu'on peut déjà être heureux. _ La résignation est un principe de sagesse, sagesse qui conduit au bonheur : il faut donc une conscience résignée pour l'atteindre. _ Est-ce que le bonheur n'émane pas de besoins que l'on se crée ? _ Il est peut-être préférable d'avoir des instants de bonheur que de s'entourer d'objets censés représenter le bonheur. _ Le bonheur n'est peut-être qu'une illusion, une réalité objective. _ Le bonheur est une satisfaction continue. _ Si le bonheur est le fruit d'une subjectivité alors chacun aurait sa définition et personne ne voudrait communiquer. _Le bonheur serait bouleversé par toute question mais, en fait, le bonheur n'est pas une intelligence : la preuve en est qu'un ordinateur ne peut être heureux, il ne peut se poser de questions. _Le bonheur se trouve dans un questionnement personnel. _ Le bonheur comme illusion, c'est en fait croire qu'une simple satisfaction suffit : c'est une forme sociale permettant de communiquer. _ Le bonheur n'est peut-être qu'une forme linguistique. _ Mais plus qu'un concept, n'est ce pas un sentiment que le mot essaye de traduire ce qui expliquerait la différence de signification étymologique dans les diverses langues. _ L’imbécillité n'est finalement qu'un point de départ à une satisfaction...M
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