Combien le Président
de la République a t-il crée d'emplois ? Débat sur
la relation entre le travail et les élites
|
|
Paru dans l'Incendiaire
n°4,
janvier
1998
|
|
|
|
Introduction
Pouvez-vous poser des questions au Président de la République ? WWW.ELYSEE.FR/ : le site officiel de la Présidence de la République. Dans la mesure où nous souhaitons poser cette question personnellement et le plus rapidement possible à son destinataire, il est logique de solliciter le courrier électronique. Mais pour les visiteurs de ce site officiel, de ce site " Internet ", la surprise attend l'espérance : le Président de la République ne dispose pas de boite aux lettres ! Contrairement à l'esprit du Net, le " premier des Français " n'est pas accessible par courrier. Aussi il nous faut garder la question. Par contre, " les discours du Président " sont en ligne ! Un moteur de recherche est à votre disposition. Tapons " emploi ". Sur ce thème, 25 contributions apparaissent : une par mois depuis l'élection ! Ainsi pouvons-nous lire : Les discours du Président sur " l'emploi essentiel " Ce qui ressort des phrases citées (et des textes dont elles proviennent), c'est qu'elles s'additionnent les unes aux autres sans démonstration ni intra-explication du sens du vocabulaire utilisé : ainsi, si " l'emploi essentiel ( )est ( ) l'emploi productif ", nous ne saurons pas ce qu'est l'emploi productif. Des glissements sont observables sans que les transitions soient expliquées ; nous passons ainsi de " l'emploi ", priorité, à la croissance qui sera la matrice de ces emplois manquants, qui devient donc la priorité, et si nous nous demandons ce qu'est la croissance, le mélange des réponses laisse pantois : elle est " a conséquence de l'assainissement des finances publiques, du développement de l'activité économique, car c'est d'abord l'activité qui crée l'emploi ". La formule concernant " l'assainissement des finances publiques " n'est pas expliquée : si la " réduction " de ces finances est un thème libéral classique, l'assainissement n'est pas équivalente à la réduction : elle implique que les finances soient pour partie ou pour totalité gangrénées, soient " mauvaises ", d'une mauvaise origine ou propriété (mafia ?). Quant à la croissance, matrice de la création d'emplois, elle sera la conséquence du développement de l'activité économique, donc de la création d'emplois. Quant aux moyens pour créer ces emplois qui ne se créent pas dans la réalité observable, le Président ne donne pas d'indications, sauf les suivantes : il faut procéder à "l'allégement du coût du travail peu qualifié, à l'expérimentation des nouvelles formes d'organisation du travail, du l'essor du temps partiel, et du développement des emplois de service ". Là encore nous ne pouvons savoir, par l'ensemble du texte, ce qu'est le travail peu qualifié, pourquoi ce travail peu qualifié payé au minimum, devrait posséder un coût encore moindre -emplois de domesticité ?-, nous ne saurons pas ce que sont les nouvelles formes d'organisation du travail, en quoi le temps partiel (quelle durée ? quels coûts ?) représente une ambition. Quant au "développement des emplois de service ", il s'agit d'une tendance macroéconomique mondiale : demander le développement des emplois de service, c'est demander que le vent souffle dans le sens où il souffle depuis des années. Pour pallier à l'impossibilité d'une réponse adressée suite à une question posée directement au Président via le courrier électronique, la " biographie " du Président nous donne la réponse à la question posée : le Président de la République n'a jamais crée d'emplois. Et lorsque nous consultons les discours du Président sur ce thème, nous comprenons que selon lui la création d'emplois ne peut provenir que de la création d'emplois, du " développement de l'activité économique ". Il s'agit bien évidemment d'une plaisanterie. Mais dans la mesure où il nous est interdit de prononçer un procès d'intention à l'égard du Président, il nous faut partir de l'hypothèse de sa bonne foi. Il pense sérieusement ce qu'il dit. Il nous faut donc nous intérroger sur l'ensemble contextuel du Président : dans le temps et dans l'espace, cet ensemble contextuel désigne sa communauté de provenance, sa communauté d'appartenance. Ces communautés sont les écoles de l'élite politique. Comme vous le savez, la première de ces écoles s'appelle " l'Ecole Nationale d'Administration ". L'ENAWWW.SDV.FR/ENA/ : selon la présentation Internet disponible, l'ENA est une " école d'applications qui dispense une formation professionnelle à de futurs cadres de la fonction publique ". Ce langage, évident pour ceux qui l'utilisent, est pourtant immédiatement problématique : qu'est-ce que la fonction publique, qu'est-ce qui justifie la fonction publique ? La présentation enchaîne sur les "sessions de formation " : - à la gestion finançière, à la gestion des ressources humaines, à la gestion de l'Etat, aux problèmes de société. Nous savons donc que les " futurs cadres " sont destinés à être des gérants. Dans la réalité des entreprises privées, rares sont les gérants qui sont pour quelquechose dans la création et dans la réussite des entreprises eu égard à leurs produits, à leurs commercialisations. Les gérants sont souvent des " vigiles " de l'équilibre financier, présent pour adresser des signaux en cas de problème. Ces gérants de la fonction publique reçoivent comme formations fondamentales des cours sur les "gestion finançière, gestion des ressources humaines " et c'est tout. L'Ecole qui forme les membres de l'élite politique française dispense en terme d'enseignements fondamentaux la " gestion financière " (débit-crédit) et la " gestion des ressources humaines ", c'est-à-dire l'enseignement sur les moyens du contrôle d'une population ! Les Grandes Ecoles et les enseignements qu'elles dispensent. Conclusion et date du prochain débat (10 Janvier 1997 : de 17h
à 20h, sera : Réformer les administrations françaises
: citoyens, parlez !) Nous avons ouvert un " dossier ". Je l'ai souhaité parce qu'il est " utile " pour nous, c'est-à-dire pour la conscience des réalités dont nous dépendons, pour l'imagination des moyens qui sont à notre disposition pour modifier l'organisation " administrative ". Nous avons pu voir, brièvement, quels sont les " enseignements problématiques " de ces écoles. Aussi, pour approfondir ce travail, pour qu'il devienne vraiment utile pour nous, il nous faut le continuer. Aussi, le sujet de notre prochain débat du 10 Janvier 1997, de 17h à 20h, sera : Réformer les administrations françaises : citoyens, parlez ! "
Si
cet article vous a plu, téléchargez-le !
|
|
|
|
©Copyright L'Incendiaire
1996-1999 ; une publication de l'association Philosophie
par Tous
Tous droits réservés(sauf si vous nous envoyez un gentil mail à lincendiaire@multimania.com !) |