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Multiples réflexions ont cherché à distinguer l'homme
de l'animal. Aristote a mis le logos (raison, langage) en avant tout autant
que le système politique pour déterminer cette différence:
"l'homme est un animal politique".
Quoi comprendre? L'homme comme l'animal exprime des émotions ou
des sensations comme la peur, la faim. Cependant, l'homme peut s'attacher
à des considérations plus abstraites comme la différence
entre le bien et le mal, le juste et l'injuste. De plus l'homme vit en
société et il se sert de sa capacité à raisonner
pour vivre mieux dans le respect des lois.
Descartes a fait de l'animal une machine, un mécanisme. Il va même
plus loin en séparant le corps humain, machine défaillante,
de l'âme qui donne vie à la moindre partie du corps. On reconnaît
un homme aussi bien à son bras, qu'à son visage car l'âme
est en eux reconnaissable.
J'aimerai essayer de comprendre cette différence entre l'homme
et l'animal dans ce contexte qu'est la hiérarchie, dans la volonté
de l'homme à concevoir son existence dans un groupe ordonné
du maître à l'esclave. Pour ce faire, les analyses que nous
offre Rousseau vont m'être utile et il se peut que je vous inonde
de citations provenant de ses deux premiers discours: Discours sur les
sciences et les arts et Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité
parmi les hommes.
Ce n'est pas tant la différence entre l'homme et l'animal que Rousseau
met en évidence mais bien plus celle de l'homme vivant au cur
de la société et l'homme de l'état de nature. Le
premier, on le connaît bien car c'est plus que jamais chacun de
nous. Le second est un mystère, un homme sans société,
un homme isolé et heureux. Il est possible que ce soit le grand
frère de l'homme des cavernes ou même comme l'avoue Rousseau
lui même: un homme "qui n'a peut-être point existé,
qui probablement n'existera jamais".
Toujours est-il que cet homme de l'état de nature baigne dans la
vertu la plus complète et il ne souffre pas des pires maux, ceux
justement que Rousseau a pu subir. Cet homme de l'état de nature
ne connaissait pas l'inégalité, l'incertitude, la vanité
ou encore la politesse. Il est difficile de se représenter ce brave
homme sans tout ce que comporte la société ou le rassemblement
humain. Cet homme de l'état de nature, je me permets de l'appeler
un ours même si le respect que je porte à Rousseau ou même
la philosophie en générale, me l'interdit. Ne vous
moquez pas de l'ours car lui au moins échappe à la connerie
humaine décrite par Rousseau!
En effet, la société pervertit les hommes si bien que seule
la vertu de l'ours reste entière. Nous, hommes de société,
nous sommes capables de produire le mal. Pour nous dissuader, une solution
est trouvée:
"il ne faut pas former le chimérique projet d'en faire ( nous)
d'honnêtes gens (...) il faut seulement les distraire de faire du
mal, il faut les occuper à des niaiseries pour les dtourner
des mauvaises actions". Désormais, la question TF1 est résolue
tout comme les nombreuses imbécillités que l'on trouve à
faire dans toute bonne société qui se respecte.
Rien que pour cela j'envie l'ours mais on est loin du compte. La société
est construite sur des hiérarchies, et le capitalisme que l'on
connaît actuellement donne raison à cet homme éclairé
qu'était Rousseau: "(les riches) cesseraient d'être
heureux, si le peuple cessait d'être misérable" ...
Ainsi, on comprend mieux l'allégorie du guignol de Stalonne dans
Nulle par ailleurs.
" Les anciens politiques parlaient sans cesse de murs et de
vertu (les grecs), les nôtres ne parlent que de commerce et d'argent.
L'un vous dira qu'un homme vaut en telle contrée la somme qu'on
vendrait à Alger; (...)Ils évaluent les hommes comme des
troupeaux de bétail. Selon eux, un homme ne vaut à l'État
que la consommation qu'il y fait."
Il me semble tout à coup que l'humanité a du mal à
évoluer. Je crois cependant qu'il faut s'estimer heureux car cela
aurait pu être pire. Lisez attentivement, Rousseau s'adresse
nous tous:
"Peuples, sachez donc une fois que la nature a voulu vous préserver
de la science, comme une mère arrache une arme dangereuse des mains
de son enfant (...) les hommes sont pervers; ils seraient pires encore,
s'ils avaient eu le malheur de naître savant".
L'homme qui vit en société doit aimer et respecter la hiérarchie
qui pense à son bien être d'homme servile, comme Papon remercie
gracieusement cette même hiérarchie de lui permettre de dfendre
sa non désobéissance et ainsi d'être seulement un
lâche et non plus un assassin. L'homme ne sait plus se respecter,
nous ne sommes pas des ours mais sommes-nous des moutons?
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