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UNE SÉLECTION ADMINISTRATIVE RÉVOLTANTE
Combien y a-t-il de maîtres-auxiliaires (MA) en poste dans l'Éducation
Nationale ? Combien sont réemployés ? 22000, 25000, 30000
? Il faut dire les choses telles qu'elles sont : il y a encore des milliers
de MA ! Contrairement aux fois précédentes où ces
MA ont été intégrés, il leur suffisait d'avoir
quelques années de bons et loyaux services pour devenir des enseignants
à part entière, actuellement il leur faut impérativement
avoir un concours en bonne et due forme. Le problème c'est qu'ils
ont été incapables d'avoir les concours existants (CAPES
interne et externe, on ne parle pas de l'agrégation !). Alors l'Éducation
nationale dans sa grande mansuétude a crée des concours
exprès pour eux : le CAPES spécifique. Malheureusement il
y avait moins de postes à ce concours qu'au CAPES Interne et les
examinateurs étaient bien plus sévères, alors les
MA l'ont boudé. L'Éducation nationale, persévérante,
a donc crée un autre concours : le CAPES réservé.
Mais les MA sont vraiment ingrats, à Paris ils ont perturbé
les écrits (à Poitiers, nous avons passé ces épreuves
protégés par la police !). Alors l'Éducation nationale
qui ne manque pas d'idées, pour éviter d'autres perturbations
(on se doute que les MA seront encore ingrats !) a décidé
de faire passer aux candidats, non plus un écrit et un oral, mais
deux oraux. Pour le premier oral, ou oral d'admissibilité, les
candidats doivent envoyer un dossier sur leur expérience personnelle.
C'est là que ce serait presque comique : le texte fixant la date
limite d'envoi des dossiers impérativement au 10 janvier 1998 (le
cachet de la poste faisant foi !) est paru au Bulletin Officiel daté
du... 10 décembre 1997 ! Il faut savoir que dans le meilleur des
cas ce Bulletin Officiel est arrivé durant les vacances dans les
établissements, que, l'esprit encore embrumé par les vapeurs
d'alcool des fêtes de fin d'année, personne ne s'est dépêché
de le lire, si bien que les MA qui ont réussi à être
informés ont rédigé dans l'urgence leur dossier et
un nombre important (personne n'a de chiffres) ne l'a pas envoyé.
Les Recteurs ont pourtant eu une circulaire fin novembre leur demandant
de prévenir les chefs d'établissement pour qu'ils informent
les MA. J'ignore ce que a été fait dans les autres académies
mais dans l'académie de Poitiers, il y a eu seulement un message
minitel la veille ou l'avant veille des vacances (18 ou 19 décembre),
message auquel personne n'a rien compris puisque personne ne connaissait
l'existence du Bulletin officiel.
L'Éducation nationale va enfin pouvoir se plaindre de l'ingratitude
des MA. Ces fainéants ne se sont même pas donnés la
peine de rédiger leur dossier. Ceux qui l'avaient rédigé
ne se sont même pas donnés la peine de l'envoyer à
temps. Un doute doit germer dans esprit de l'Éducation Nationale
: avec tout ce qu'elle a fait pour eux ces MA, sont-ils vraiment motivés
pour devenir de vrais profs ?!
APPEL AUX MAÎTRES-AUXILIAIRES ET À TOUS CEUX QUE L'INJUSTICE
RÉVOLTE !
Que sont donc devenus les maîtres auxiliaires ?
Certains ont obtenu un poste, les autres (qui ont 3 ans d'ancienneté)
ont été réemployés à la rentrée
1997, mais ce qui n'a pas été dit c'est qu'ils l'ont été
sur des postes qui n'ont le plus souvent aucun rapport avec leur discipline
: secrétariat, documentation, vie scolaire, surveillance... Je
suis pour ma part maître-auxiliaire de Philosophie au chômage
depuis 2 ans. J'ai refusé à la rentrée mon poste
de réemploi promis par le Ministre, car le Proviseur voulait me
faire faire du travail administratif. D'abord ayant seulement une formation
de philosophie, je ne me sens pas capable de faire un travail pour lequel
je n'ai pas été formé. D'autre part, je me suis toujours
refusé à prendre le travail des autres. Déjà
lorsque j'étais Surveillant d'Externat je n'ai jamais accepté
de faire une heure supplémentaire considérant qu'il y avait
assez d'étudiants qui demandaient du travail à qui on pouvait
faire appel. L'année dernière de mars à juin j'ai
été réemployé, et c'était parce qu'il
n'a pas été question que je fasse secrétaire ou surveillant
ou documentaliste, que j'ai accepté. J'ai été promu
" Principal adjoint ", ce qui était ironiquement acceptable.
A la rentrée j'ai bien essayé de proposer au Proviseur qu'il
me fasse faire quelque chose en rapport à la philosophie, cours
ou soutien. Ce ne fût pas possible car dans l'établissement
où j'ai été nommé, il y avait déjà
un prof de philo titulaire en sous-service. D'autre part tous ces MA en
réemploi sont vraiment une aubaine pour les Proviseurs car ils
servent à palier l'indigence des moyens et le manque d'organisation
de l'administration.
Trop c'est trop, j'ai donc refusé. Je n'aurais peut-être
pas dû car l'administration (les services du Rectorat) n'avaient
pas envisagé cette possibilité ! Je suis donc encore actuellement
considéré comme étant en poste dans l'établissement
où j'ai été nommé mais je n'y suis pas payé
bien sûr. Je ne suis plus payé comme chômeur puisque
je suis réemployé et qu'il n'était pas question d'envisager
que l'on puisse refuser donc je n'ai plus aucun revenu depuis septembre
97. L'affaire est encore en cours et je suis curieux de savoir ce qui
va se passer. Vont-ils essayer de me faire radier du chômage ? Pour
quelles raisons ? Vont-ils admettre, malgré ce qui semble dire
le Ministre, que tous les MA n'ont pas été réemployés
à la rentrée 97 ? Mon cas est-il unique ?
Qu'en est-il pour les autres MA ?
Le Ministre et l'administration réussissent pour le moment à
sauver les apparences mais pour combien de temps ? car de qui se moque-t-on
? Surtout quel gaspillage ! Des MA qui ont un bon niveau d'étude
et une bonne expérience de l'enseignement, payés pour se
tourner les pouces pendant que certaines classes sont surchargées
et que les profs en poste ne sont remplacés qu'au bout de 2 semaines
d'arrêt maladie consécutifs. Et tout ça pourquoi ?
Que deviendront ces MA (ceux qui sont en poste et les autres) à
la rentrée 98 ? Peut-on vraiment penser sans rire qu'ils auront
le concours qui leur est réservé ou un autre ?
Pourquoi alors ne l'ont-ils pas eu en 97 ? Surtout pourquoi ne les a-t-on
pas intégrés comme toutes les autres fois que le problème
s'est posé ? Parce que des syndicats (jaunes ?!) au Ministre, tout
le monde prône le sacro-saint concours ! Je suis révolté
par le sort qui est réservé aux maîtres auxiliaires.
Ces sous profs ont parfois plus de 10 ans d'ancienneté et doivent
maintenant faire leurs preuves en passant et réussissant leur concours.
Qu'est-ce que ça veut dire s'ils ne le réussissent pas ?
Si ça veut dire qu'ils ne sont pas capables d'être prof,
qu'en était-il lorsqu'il étaient en poste ? Nous attendons
que l'Éducation Nationale fasse son mea culpa et dise publiquement
que durant de longues années elle s'est moquée des élèves
et de leurs contribuables de parents en nommant sur certains postes et
en les payant des personnels incompétents ! Est-ce que ça
ne veut pas plutôt dire que le concours est une vaste fumisterie
qu'il convient d'abroger !
Il faut bien se rendre à l'évidence l'Éducation Nationale
ne peut pas se passer des MA alors pourquoi ne pas aménager deux
façons d'accéder à l'enseignement : le concours externe
et l'auxiliariat des MA. Le passage par le corps des MA semble être
une aussi bonne, sinon meilleure, école que le concours. Surtout
cela règle avantageusement le problème du remplacement des
professeurs absents (malades ou en stage). Pourquoi ne pas considérer
qu'après un ou deux ans de remplacements et plusieurs inspections,
le MA serait intégré, tiens on lui donnerait même
le concours !
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