Et qu'est-ce que vous faites dans la vie ?

par grosso bruto

Paru dans l'Incendiaire n°8, juin 1998
2 pages

Résumé

pas disponible

Ce qui suit est une entorse au principe que les chômeurs heureux s’étaient donnés jusqu'ici, nous qui ne prenons pas volontiers les choses par la théorie. Nous lui préférons de beaucoup la propagande par le méfait et surtout par le non-fait. Et maintenant venons-en aux faits.

Nous savons tous que le chômage ne sera jamais supprimé. On investit ! M'Ouais!… Avant, il fallait des travailleurs parce qu'il y avait du travail et aujourd'hui il faut du travail parce qu'il y a des travailleurs. Personne ne veut le dire, mais bon. Du boulot pour tout le monde ? De toute façon il n'y en a plus! En plus, aujourd'hui ce sont les machines qui le font! Aujourd'hui, le rêve s'est réalisé mais en cauchemar parce que, entre autres choses, les relations sociales, elles, n'ont pas évolués aussi vite que la technique. Jamais plus les travailleurs ne viendront remplacer les robots et automates.

Officiellement, c'est toujours " La Lutte Contre Le Chômage ". En fait, il s'agit d'une lutte contre les chômeurs, surtout HEUREUX. "On" bricole les chômeurs. "On" occupe les chômeurs. "On" multiplie les contrôles tracassiers.

"CHOMAGE" c'est laid, c'est mauvais, une idée négative en somme. Un chômeur n'est qu'un travailleur sans travail. Cela ne dit rien de sa personne : flâneur, poète, fralin-fraline, chercheur de peintre solaire, danseur, coupe-cigare, sculpteur de frisko. ON parle au public de manque de travail. Nous nous le comblons, exemple: câliner à 32h/semaine ! Quand on aime on ne compte pas!

L'argent est le problème parce qu'il est le but. S'il n'existait pas, le chômage n'aurait jamais été invente. Et c'est ici que le chômeur heureux ne fait que dire tout haut ce que tout le monde sait déjà : " Dans ce cas, nous préférons être des chômeurs heureux! ".

Si le chômeur est malheureux, ce n'est pas parce qu'il n'a pas de travail mais parce qu'il a oublié de prendre son temps, et surtout parce que le turbin est la seule logique sociale qu'il connaisse. Mais même lorsqu'ils ne font rien de spécial, les chômeurs heureux créent de nouvelles façons sociales, de nouveaux mondes. En somme ils explorent. Ils développent des contacts avec des tas de gens sympathiques. Ils sont même prêts a animer des stages de re-socialisation pour travailleurs licenciés : cours de dérive, perte des notions des temps capitalistes, réappropriation des sens. Car, en effet, d'autres réalités directement perceptibles existent : rendez-vous à la semaine des sept dimanches avec vos victuailles. Comme vous l'avez compris, du moins nous l’espérons, nos réalisations sont ambitieuses, internationales et théoriques, sérieuses et pratiques, locales et ludiques. Bientôt, peut-être, plus de vingt millions de chômeurs heureux en Europe!

A bientôt,

Clownez-vous les uns les autres !

les chômeurs heureux

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