

|
Louis Hémez
5, rue A. Briand
79400 St Maixent
Cher Monsieur,
Je fréquente le Bistrot-Philo de St Maixent.
Dans une entrevue que nous a accordée le " Courrier de l'Ouest
" j'ai souligné au sein de notre groupe, le respect des positions
de chacun et les conclusions nuancées.
Aussi ai-je été désagréablement surpris de
lire, dans votre éditorial du N°7, des affirmations sans nuance
comme " aujourd'hui on peut dire que Dieu est mort
" et
" le dimanche matin, plus personne ne va à la messe ".
Ces affirmations sont excessives, et aussi, agressives pour les croyants.
Je suis catholique, ai fait carrière dans l'enseignement public
et ai toujours milité dans des organisations laïques. Je respecte
toutes les opinions, mais attends aussi qu'on respecte les miennes.
A part cette réserve, je tiens à vous dire que je suis entièrement
d'accord avec le texte de votre édito.
Bien philosophiquement à vous.
P.S. : une autre petite réserve : que veut dire " L'incendiaire
is back " ? Par principe, je ne comprends pas l'anglais dans une
publication française. Et l'article suivant écrit : "
le dictateur et son gros cerveau mènent la dance " ! Quelle
anglomanie !
P.S.2 : continuant la lecture de " L'Incendiaire ", je suis
arrivé à la réaction de David face à l'article
" Dictature ou Dictateur ? ". Là, c'est un véritable
pamphlet anti-catholique. Décevant ! C'est de l'intégrisme
laïque. La plupart des catholiques sont plus ouverts et plus respectueux
des laïques que ceux-ci ne le sont souvent vis à vis des catholiques.
La véritable laïcité c'est le respect de toutes les
opinions et convictions.
Cher Monsieur Hemez,
Je tiens tout d'abord à vous remercier pour votre courrier à
propos de l'éditorial du n°7 de l'Incendiaire. Cela prouve
que votre lecture des articles n'est pas passive ; attitude appréciable
pour ceux qui les conçoivent. L'incendiaire est l'occasion d'un
dialogue, et je m'en réjouis.
Pour vous répondre, je crois que vous avez raison de parler d'affirmations
sans nuance. C'est l'un de mes défauts, et je l'avoue : je grossis
toujours mes propos. Peut-être est-ce pour le plaisir de toucher
plus sensiblement le lecteur et ainsi mieux me faire comprendre ? En tout
état de cause, je vais essayer dans le cadre de cette lettre, d'être
moins emporté et plus explicite.
Dans ce texte, ma critique s'adresse au sport de haut niveau dans nos
sociétés occidentales. Lorsque j'écris que "
plus personne ne va à la messe " mais que l'on " préfère
aller jouer au tiercé ", c'est pour montrer que le sport prend
la place de l'église, ou plutôt sa légitimité.
En effet, aujourd'hui, malheureusement, le sport usurpe son rôle.
Celui-ci est à mon avis de divertir, mais pas de dicter la bonne
ou la mauvaise conduite des individus. La religion peut se le permettre
puisqu'elle repose sur la foi dans des textes divins, mais en aucun cas
le sport et ses gourous.
La deuxième citation : " Dieu est mort ", appartient
au philosophe Nietzsche. IL l'écrit dans Ainsi parlait Zarathoustra,
dans le prologue. Après s'être adressé à un
saint ermite qui fait le choix de quitter les Hommes pour chercher Dieu
dans la solitude de la forêt, Zarathoustra décide au contraire
de descendre parmi eux. La phrase exacte de Nietzsche est : " Serait-ce
donc possible ? Ce saint vieillard, en sa forêt, encore n'a pas
ouï dire que Dieu est mort ! ". Le philosophe critique la morale
religieuse qui tend à figer les comportements. Zarathoustra est
celui qui va instruire les Hommes et les libérer de ce qu'il appelle
la décadence. L'utilisation que j'ai faite de cette phrase n'était
pas appropriée au contexte. Elle dépassait sa stricte signification
philosophique. Encore une fois, je crois que c'est par le souci de me
faire bien comprendre, par rhétorique que je l'ai choisi, plutôt
que par rigueur philosophique.
J'espère que mes explications vous conviendront. Il est vrai que
lorsque l'on écrit un article, il est aussitôt abandonné
et l'auteur ne peut plus le défendre. Vous m'avez donné
l'occasion de me faire comprendre, je l'espère.
Bien philosophiquement à vous.
P.S. : je suis tout à fait d'accord avec vous lorsque vous parlez
de l'usage abusif de mots anglais dans l'Incendiaire. Ils ne se justifient
pas puisqu'ils ont leurs équivalents dans la langue française.
|