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La violence est naturelle

par Vince

 

Paru dans l'Incendiaire n°9, octobre 1998
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Résumé

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Sommaire rapide

Suite à une petite escarmouche lors d'un débat de juin dernier sur " le progrès conduit-il à la paix " je voudrais réagir face à l'idée émise par certains de la violence naturelle de l'homme.
Admettons donc la violence comme naturelle ; certains hommes sont violents, d'autres moins, d'autres pas. Va-t-on l'expliquer par le patrimoine génétique ? " Moi j'ai un gène de 70 % de violence ! ", ou va-t-on en appeler à la " civilisation " de l'homme par la société ? Nous sommes violents naturellement et c'est notre couche de social, de self-control qui nous rend moins violents. On fait alors au sein de la société une différence entre les civilisés (nous bien sûr !) et les " primaires " (eux bien sûr !), proches de leurs corps, de leurs pulsions. Par manque d'éducation. Comme si nous, les " civilisés " n'étions pas capables de violences, de réagir comme le font des milliers de violents. Nous leur sommes identiques : considérez que vous n'avez pas d'avenir, et donc rien à foutre des codes d'une société qui vous ignore, vous êtes chômeurs de longue durée, " de trop " en somme comme le répète A. Jacquard*. Comment réagissez vous ? En tendant l'autre joue ? En restant zen ? Ça vous pouvez mais en vous shootant. Mais suis-je bête ! Le fait que nous sommes tous capables de violence prouve bien que l'homme est naturellement violent. Et la preuve irréfutable est que cela dure depuis des siècles. Enfer et damnation ! C'est le fardeau humain : toujours et encore contrôler ses pulsions violentes, ne jamais se reposer. Il nous faut vivre en société et pour cela oublier notre propension naturelle à casser la gueule de son prochain.
Que pouvons nous faire face à cette violence sourde et aveugle ? Que dalle, elle est ancrée dans nos gènes, n'est-ce pas ? C'est pourquoi les recherches scientifiques dans le domaine génétique ont tant d'importance aujourd'hui : nous saurons qui sera violent ou pas et ça facilitera le contrôle, la " ghettoïsation ".
Alors vu qu'on ne peut la faire disparaître, et que les individus primaires ne la contrôlent pas, il faut la faire taire chez eux. Voyons… comment faire ? Vu qu'on ne peut les aider socialement : plus vous leur donnez de fric, plus ils le gaspillent (on se demande bien pourquoi d'ailleurs avec toutes ces gentilles pubs qu'on voit partout et qui poussent pas à la consommation sans retenue), il vaut mieux les laisser dans leur coin… et leur taper sur la gueule dès qu'ils font chier l'honnête citoyen. Et après ? On leur tape dessus jusqu'à ce qu'ils disparaissent ? Jusqu'à ce qu'ils comprennent ?. C'est à dire qu'ils fassent la relation entre leur comportement et la matraque, comme un gamin qui se prend une baffe pour avoir traversé la route sans regarder, en somme d'accepter leur sort de merde en regardant vivre les riches, les honnêtes. Ou alors il faut les laisser crever dans leur coin, proprement (c'est à dire en évitant de les regarder, surtout avec l'œil de la caméra de télé), sans violence, en leur coupant les vivres. C'est une bonne solution. Elle est née dans l'honnête cerveau d'un gentil monsieur du RPR. Sélection naturelle à la Darwin : les pauvres sont ceux qui ne peuvent s'en sortir dans notre société. S'ils n'en sont pas capables, c'est qu'ils ne sont pas adaptés. Donc il faudrait les empêcher de procréer pour éviter qu'ils propagent leurs gènes de pauvres. Et pour ça il vaut mieux couper toutes les aides et les reverser aux familles aisées qui, elles, savent faire quelque chose de cet argent.
Mais quel est le rapport entre le violent et le pauvre ? Et bien le violent est pauvre. Il ne sait pas s'intégrer. Surtout ne pas dire, n'est-ce pas, que le pauvre est violent parce que c'est alors donner une explication à la violence or la violence est naturelle, spontanée. Combien de fois faudra-t-il le répéter ? L'homme aisé, honnête, est civilisé lui. Il ne tape pas sur la gueule à tout le monde, lui. Bon, généralement quand il a une gentille entreprise, il se fait du blé sur le dos de milliers de pauvres, c'est à dire de violents. Mais ce n'est pas un acte de violence, c'est normal. Ils n'ont que ce qu'ils méritent. Chacun n'a que ce qu'il mérite. Ce doit être dans un ordre naturel ça aussi puisque personne ne tente de le changer. Ça fait des milliers d'années qu'il y a des grands qui exploitent des petits, qui amassent des richesses en appauvrissant les pauvres**. Et ça fait depuis aussi longtemps que les hommes sont violents. Mais il n'y a absolument aucun rapport entre ces deux propositions puisque la violence est née avec l'homme. Il a bien fallu qu'il survive, qu'il se défende, qu'il s'impose le bipède sans poil. Et par la violence. Mais qu'est-ce qui continue à justifier cette violence dans un état social ? Nous ne sommes pas ennemis les uns des autres, nous n'avons plus à nous défendre ou à attaquer pour survivre. L'explication ne peut donc être que dans la nature de l'homme, donc dans la structure oppressive d'une société qui trouve son équilibre dans l'appauvrissement des uns par les autres, dans une déshumanisation au profit de l'argent, dans une mise en compétition perpétuelle de chacun par rapport à son prochain. L'homme entretient sa violence naturelle en construisant une société à son image, un milieu où il peut être complètement lui : oppresseur violent et oppressé violent. " La ville est une jungle " comme dit J. Moucherot*** et l'homme un animal tributaire de ses gènes.
Et moi qui pensais que nous n'avions pas à être victime de la violence, non pas de celle des autres mais de celle de tous et donc de la nôtre. Moi qui pensais que l'homme était un être de culture et non de nature, me voici soudain libéré. J'avais de lourdes responsabilités puisque j'étais à la source de ma violence, qu'elle venait de ma culture, de mon expérience, de ma vie. J'en suis dégagé maintenant puisque le mal est fondamentalement en moi. Je ne peux que lui résister et je suis comme tout homme un être bien faible. Et je vis dans une société qui me plaît car elle me permet de me défouler. Merci !

*J'accuse l'économie triomphante, A. Jacquard, éd. Jemen Rapelplu.
**Cette exploitation est poussée à son paroxysme dans, entre autres, Les aventures de John Difool avant l'Incal, sur un scénario de Jodorowsky et des dessins de Janjetov (6 tomes). Avertissement : c'est une BD.
***personnage d'une BD de BOUCQ

 

 

 

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