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Peut-on agir sans chercher une contre partie ?

(9 octobre 1996)

 

Paru dans l'Incendiaire n°1, janvier 1997
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Résumé

pas disponible

 

Sommaire rapide

 

SUJETS PROPOSES

Quand on n'a ni père ni mère est-on orphelin ?

Est-ce que le manque de courage différencie le salaud du type bien ?

Peut-on agir sans chercher une contre-partie ?

Quelle est la valeur de la théorie de Freud à l'heure actuelle ?

SUJET CHOISI

 Peut-on agir sans chercher une contre-partie ?

DEROULEMENT DU DEBAT

- La personne qui a proposé le sujet s'est expliquée : un jour quelqu'un lui a raconté qu'il avait fait des choses bien, des choses qui lui ont demandé de gros sacrifices. Et il semblait que cela lui apportait une immense fierté. Si ces actions étaient motivées par la fierté qu'on peut en tirer, étaient-elles vraiment bonnes ? Ne peut-on pas alors élargir et se demander si toutes les actions qui semblent gratuites ne sont pas au fond très intéressées ? Peut-on agir sans chercher une contre-partie ?

- En fait n'est-ce pas agir sans être égoïste ?

- Non, pas forcément, c'est une question de gratuité de l'acte.

- On tire toujours une satisfaction de ce qui est bien.

- C'est logique de trouver une satisfaction dans ses actions.

- N'y a-t-il pas là un sous-entendu moral ?

- Cela dépend sur quoi on agit. Les actions non-nécessaires sont-elles toujours faites par intérêt ?

- Quand cela implique les êtres humains, si on agit pour soi est-ce qu'on ne prend pas les autres comme moyen et non comme fin ?

- L'égoïsme est pour moi à la base de tout comportement humain.

- On se vante de ses bonnes actions peut-être pour que les autres fassent la même chose.

- Est-ce que ce ne serait pas plutôt pour que les autres fassent la même chose pour toi quand tu en auras besoin ?

- Quelqu'un peut se dévouer pour les autres car il a des convictions religieuses. C'est la foi qui va permettre de justifier son choix.

- Il est question du sens de nos actions et cela se ramène à une morale.

- On parle d'intérêt mais est-ce que la satisfaction en soi est un intérêt ?

- Il y a un intérêt à bien agir car lorsqu'on se vante de nos bonnes actions on peut en tirer de la fierté. Par exemple pourquoi aider une personne âgée à traverser la rue ? N'est-ce pas pour la fierté que j'en tirerai lorsque je m'en vanterai ?

- Mais ton action peut avoir aussi un intérêt pour la personne que tu as aidée.

- Retire-t-on immédiatement quelque chose de l'aide qu'on lui a apporté ? Ne l'a-t-on pas aidée parce qu'on va en retirer plus tard quelque chose, de la fierté par exemple ?

- Quand on aide c'est pour quelqu'un mais c'est pour soi également, et donc est-ce que ça ne dévalorise pas la bonté de l'action ?

- Même s'il y a une satisfaction personnelle, l'important n'est-ce pas qu'on l'ai aidée ?

- Sûrement, mais le sujet concerne l'action désintéressée, si j'en retire quelque chose même si le résultat est que j'ai fait une bonne action, cette action n'est pas totalement désintéressée.

- L'intérêt que l'on tire d'une bonne action est psychologique.

- Plus ce qu'on fait est bien et plus notre intérêt est important, on peut critiquer cet intérêt.

- On n'est pas forcément conscient qu'on fait du bien.

- "témoin unique, témoignage nul" : lorsque personne ne se rend compte du bien qu'on a fait il n'y a aucune satisfaction.

- N'a-t-on pas un critère de la valeur morale d'une action ? On peut choisir de faire quelque chose qui est contraire à son intérêt. Par exemple si on n'a pas un intérêt immédiat à aider quelqu'un à traverser la rue car on risque de se faire écraser mais justement on le fait, c'est une action morale car elle est contraire à son intérêt.

- D'accord mais pourquoi la fait-on ? N'y est-on pas poussé par quelque chose ? Comment expliquer dans ton exemple qu'on fasse cette action ? N'est-ce pas la satisfaction qu'on a à aider quelqu'un ?

- Pourquoi faire quelque chose qui ne te rapporte rien ?

- Le gain qu'on trouve lorsqu'on agit baisse la valeur même de l'action.

- Dans la mesure où il n'y a qu'une satisfaction purement psychologique ce n'est pas mauvais, contrairement à une satisfaction matérielle.

- Pourquoi devrait-on calculer la valeur d'une action par rapport à son intérêt personnel ?

- Je considère qu'être libre c'est ne pas faire ce pour quoi on est destiné. Par exemple dans le film La liste de Schindler, le héros est plus destiné à profiter de la situation des juifs qu'à autre chose. Et pourtant il va en arriver à les sauver. J'agis en fonction d'un objectif déterminé par rapport à une liberté. C'est un choix d'homme libre que d'aider.

- L'action bonne est faite naturellement. Par exemple ma mère qui travaillait à la préfecture durant la dernière guerre à sauvé des juifs et a eu la médaille des Justes. Pourquoi a-t-elle fait cela ? Parce qu'elle est bonne naturellement.

- Oui mais toi qui nous en parle pourquoi dis-tu que c'est ta mère ? Pourquoi n'as-tu pas dit que tu connais quelqu'un qui... ? N'en tires-tu pas quelque fierté ?

- Le problème posé n'est-il pas celui d'un acte gratuit ?

- Agir sans intérêt c'est agir sans passion.

- Si on fonde l'action sur la gratuité, pourquoi agir ?

- On agit par rapport à un principe d'éducation.

- Le choix de l'acte peut être en fonction de nos expériences.

- Le fait qu'il y ait choix n'empêche pas l'intérêt personnel.

- Quelqu'un a dit que c'était naturel de faire le bien, d'autres disent que c'est normal, est-ce que c'est la même chose ? Et puis qu'est-ce que ça veut dire naturel ou normal ?

- Un exemple de choix : vivre ou ne pas vivre, le cannibalisme lors du crash d'un avion dans la Cordillère des Andes. Dans ce cas-là choisir c'est quoi ? Est-ce le choix fondamental ?

- Justement dans ce qui est naturel il y a une nécessité alors qu'il ne semble pas y en avoir dans ce qui est normal. Manger c'est de l'ordre du naturel donc de la nécessité, ça ne veut pas dire qu'on n'ait pas le choix, on peut faire une grève de la faim et mourir, mais ça veut dire que si on ne satisfait pas sa faim au bout de quelques jours on mourra. Ne pas manger de l'homme n'est pas de l'ordre de la nature et de la nécessité car si on en mange on ne va pas en mourir, c'est une norme.

- Oui mais d'un autre côté lorsqu'on a très faim et qu'on n'a que de la chair humaine à manger, on peut aussi refuser d'en manger et mourir de faim. On peut donc agir contre ses propres intérêts (survivre) en vertu d'un précepte supérieur (ne pas manger son semblable). Il faudrait savoir de quels intérêts on parle.

- Lorsqu'on agit, on le fait en vue de quelque chose que l'on croit bien.

- Est-ce qu'il y a pour vous de la morale ?

- Un autre exemple : un prof qui fait son cours, est-ce qu'il y trouve un autre intérêt que de transmettre de façon désintéressée la connaissance ?

- Justement on parle depuis tout à l'heure d'actions séparées de leur contexte et surtout d'autres actions. Dans le cas de l'enseignement il faut voir le processus dans son ensemble (Cf. Le Banquet de Platon). Effectivement le prof trouve son intérêt à agir mais cela éduque l'élève.

- Qu'est-ce qu'on peut, entre nous, considérer comme un bien ?

- Si on n'a pas la notion du bien on peut agir par gratuité.

- N'est-ce pas plutôt le contraire ? S'il y a un bien indépendant de tout intérêt on peut agir sans contre-partie.

- Lorsqu'on est humaniste, l'action bonne est celle qui prend en considération la vie de l'autre. Elle est désintéressée car on peut considérer la vie de l'autre comme ayant plus de valeur que la sienne. Par exemple je peux mettre ma vie en danger (aller contre mon intérêt principal) pour sauver la vie de quelqu'un d'autre. Dans ce cas-là l'action est véritablement désintéressée et morale.

- Quand même souvent lorsque quelqu'un sauve la vie de quelqu'un d'autre ce n'est pas vraiment après une longue délibération mais ça semble plutôt s'apparenter à un réflexe. Comment un réflexe peut-il être désintéressé ou même intéressé ?

- Est-ce que ce ne sont pas les valeurs qui sont intériorisées par l'éducation qu'on a reçue ? N'est-ce pas ce qui nous pousse à agir ?

- Prendre un risque est-ce une façon d'accepter de se trouver face à la mort ou seulement face au risque ?

- Pourquoi ne ferait-on pas intervenir le courage ?

- Pour certaines personnes la vie a moins d'importance que pour d'autres.

- Est-ce si sûr ?

- Peut-être y a-t-il une différence entre la vie en général et sa vie ?

- Si on arrive à sacrifier sa vie pour sauver la vie d'un autre n'est-ce pas une action désintéressée ?

- Est-ce que tout n'est pas culturel ? Le système de valeur n'est-il pas relatif à la culture dans laquelle on vit ?

- L'intérêt n'est-il pas, par définition, privé et particulier ?

- La vie a une valeur universelle, ça va au-delà du culturel. Le problème du choix et de la liberté. L'endoctrinement ne nuit pas au choix.

- L'intérêt n'est-ce pas ne pas donner un intérêt aux autres ?

- N'y a-t-il pas de valeur au-delà de sa propre satisfaction ?

- Sûrement mais la valeur est construite en fonction d'une norme.

- Ne peut-on pas alors fonder la valeur du bien ? Ne peut-on pas la fonder sur le choix ou sur la liberté ?

- Dans l'intérêt est posée la question de ce qui est valorisé. Dire qu'il y a des actes intéressés et désintéressés c'est faire comme si il y avait des hommes de valeur différente. Peut-on dire qu'il y a des gens qui valent la peine et d'autre non ?  L'acte moral ne réside pas dans une action désintéressée mais dans une action libre. Reste à dire ce qu'on entend par libre.

- Au fond ce qui importe n'est-ce pas ce qu'on est en acte ? On parle toujours de héros ou d'anti-héros, de bons et de mauvais, mais ce qui est important n'est-ce pas ce qu'on est et ce qu'on fait ?

- Sur quoi se fonde-t-on pour faire les choix qu'on fait ?

- A vous écouter je ne comprends plus, non pas ce qu'est le bien, mais d'où vient le mal. Comment se fait-il que certains ont choisi d'être des salauds ?

- Est-ce qu'être intéressé ce n'est pas être et agir comme tout le monde ?

- Agir de façon désintéressée c'est poser une fin par laquelle nous pouvons faire aboutir nos actions. Cela renvoie à la gratuité de l'acte.

- Mais ne peut-on pas faire un acte gratuit mauvais ?

- Certaines actions semblent désintéressées au premier abord mais si on y regarde de plus près on peut y découvrir un intérêt caché. C'est que jusqu'à présent on n'a tenu compte que des motivations conscientes de l'action et on a oublié les motivations inconscientes.

- Que l'on ne tire aucun bienfait d'un acte cela ne veut pas dire qu'il soit bon, ni mauvais d'ailleurs.

- ..

 

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