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Qui est l'esclave de la famille ?

par Geoffroy Vibrac

 

Paru dans l'Incendiaire n°1, janvier 1997
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Résumé

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Aristote, dans La politique, est le premier philosophe a vouloir montrer que la cité est une communauté naturelle pour l'homme, c'est à dire une communauté vers laquelle l'individu tend irrémédiablement et qui a pour but d'assurer une fin naturelle : la vie bonne. Pour prouver cela, il faut d'abord démontrer que les communautés qui composent cette cité sont, elles aussi, des communautés naturelles avec des fins naturelles. La première de ces communautés est la famille qui a pour but, d'assurer la vie quotidienne c'est-à-dire de pourvoir à la conservation de l'individu et la reproduction de l'espèce. Cette fin attribuée à la famille est rendue possible par trois relations : Les relations père-enfant, mari-femme et maître- esclave. En effet, les relations mari-femme et père-enfant assurent la continuité de l'espèce, et la relation maître-esclave assure la conservation de la famille, l'esclave ayant pour fonction de pourvoir aux biens nécessaires à la vie quotidienne. Aujourd'hui, en France, nous vivons toujours dans une cité. On pourrait objecter à Aristote que notre société a changé et qu'ainsi il s'est trompé, la cité étant censée être le terme des sociétés humaines. De même, on pourrait lui dire que la communauté familiale a changé puisque il manque le couple maître-esclave, c'est donc toute sa philosophie politique qui est infondée. Pourtant, il me semble que la première objection n'est pas fondée : D'une part, la cité a toujours la même fin, les hommes continuent à former une cité pour la même raison, la vie heureuse. D'autre part, la forme des structures ont moins changé qu'on peut le croire : à l'époque d'Aristote il existait déjà un peuple de citoyens, des élus, le partage entre les trois pouvoirs, une religion, du commerce, des écoles, et des entreprises... Ainsi, ce que j'appelle les formes des structures sont en général les mêmes dans notre cité que dans celle d'Aristote. Ce qui a changé c'est la "matière" qui compose ces formes, les femmes sont devenues citoyennes, la religion a changé de dieu, les entreprises ont changé leur mode de production... On ne peut donc plus reprocher à Aristote de s'être trompé dans sa définition de la cité, étant donné que la matière évolue inexorablement avec l'histoire et les événements qui la bouleverse. On peut alors se demander s'il en est de même pour la famille ? A-t-elle la même fin ? A-t-elle la même forme et la même matière de structure ? On peut voir que dans la famille aussi, la fin reste la même, c'est à dire pourvoir à la procréation et à la conservation, mais à première vue la forme de la structure a changé car on ne peut pas nier que l'esclave a disparu, la pensée politique d'Aristote semble échouer car il n'y a plus d'esclave pour pourvoir aux biens nécessaires, il n'y a plus la "forme de l'esclave". Aristote n'a-t-il pas voulu fonder l'esclavage pour donner à une coutume barbare le sceau de la naturalité et ainsi rendre digne et légitime une pratique honteuse ? Aristote n'a-t-il pas fait acte de mauvaise foi dans sa tentative de fonder l'esclavage en nature ? Pourtant il me semble possible de montrer que dans la famille également les structures n'ont pas changé dans leur formes mais seulement dans leur matière. On voit d'abord que les couples mari-femme et père-enfant sont toujours présents et ont toujours la même fin, la conservation de l'espèce. Il ne manque apparemment donc que le couple maître-esclave, couple qui assurait, rappelons-le, la conservation de la famille, l'esclave se procurant les biens nécessaires de la vie quotidienne. Ce couple avoir changé mais il doit encore exister car on ne peut nier qu'il est nécessaire à la famille de se conserver. Ainsi qui a pour tâche dans une famille d'assurer la vie quotidienne ? Qui a pour tâche de remplacer l'esclave ? Il est facile de voir que ce n'est autre que les parents. En effet pour qu'une famille se conserve ce sont les parents qui apportent les biens nécessaires à la vie par leur travail. L'esclave d'Aristote est toujours présent actuellement, il a toujours la même forme, mais la matière a changé : au lieu d'être un barbare, c'est le père et la mère. Pourtant il manque encore un aspect car s'il faut un esclave, il faut un maître. Aristote expliquait qu'un esclave était esclave parce qu'il avait la fonction d'exécuter et d'obéir et le maître était maître parce qu'il avait le pouvoir de prévoir et de commander. Ainsi, qui est le maître dans notre cité ? Qui est celui pour qui l'esclave exécute les actes nécessaires à la vie quotidienne ? Qui est celui qui commande et prévoit ? On peut voir qu'ici aussi ce sont les parents eux-mêmes. Ce sont eux qui se commandent et qui s'obéissent, qui se disent il faut travailler pour vivre et qui travaillent. Aristote ne s'était pas trompé, la famille a gardé la même forme, les trois couples, mais le dernier couple est formé de la même matière "les parents".

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