Lettre au journal Centre
Presse
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Paru dans l'Incendiaire n°1,
janvier 1997
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20 novembre 1996Nous pensons que ce que Laurence Chegaray a écrit au sujet de la «Nuit Descartes» du mercredi 6 novembre (Centre Presse, 8 novembre 1996, p. 22) ne correspond pas à ce qui s'est passé au Gil Bar. Outre les clichés inévitables, c'est assez maladroit car ça laisse supposer des choses que nous ne pouvons absolument pas laisser passer. Laurence Chegaray fait son papier sur l'impossibilité d'entendre quoi que ce soit et les lecteurs comprendront que ce fut durant la totalité de la soirée. Or que peut remarquer quelqu'un qui y a participé ? Que deux des trois photos qui accompagnent le texte ont été prises justement durant le débat au Gil Bar. Et que voit-on sur ces deux photos ? En priorité des personnes qui prennent des notes et qui s'expriment. Comment arriver à prendre des notes si on n'entend rien ? Pourquoi s'exprimer si les autres n'entendent rien ? C'est vrai nous avons été un peu décontenancés par la foule qu'il y avait ce soir-là au Gil Bar. Il y avait au début bien plus de 100 personnes. Mais vous devriez savoir que ces débats ne sont pas ponctuels comme la plupart de ce qui a eu lieu mercredi soir. Ces débats sont hebdomadaires et ont commencé il y a presque un an. Ils réunissaient en moyenne 25 personnes l'année dernière mais depuis le début de l'année scolaire il y a 40 personnes en moyenne avec un pic à 55 personnes. Certaines choses, conformation de la partie de la salle du café, voix humaines, bruits de fond, etc. limitent la quantité maximale de personnes qui peuvent y participer (cela tourne autour de 50). Que faire s'il y en a plus ? C'est à cela que nous réfléchissons depuis le mois dernier. Doit-on faire comme à Paris ou à Toulouse, utiliser des micros ? Nous avons l'impression que cela va dénaturer le débat pour dériver vers la conférence. Or n'est-ce pas au fond ce que vous avez reproché à ce qui s'est passé : de n'être pas une conférence ? Sûrement qu'il est important de pouvoir suivre la conversation mais ce doit être pour y participer. Or, effectivement ceux qui étaient trop éloignés n'entendaient rien mais est-ce si important si on ne peut, ou ne veut, pas participer ? C'était vraiment dommage pour eux car ceux qui ont vraiment voulu y participer se sont approchés et, quoique vous laissiez supposer, il y a eu un vrai débat de deux heures auquel ont participé en moyenne 70 à 80 personnes (les deux photos !). En ce qui concerne votre sous-entendu (maladroit ou malhonnête ?) "Dommage pour la qualité des débats, beaucoup mieux pour la consommation de mousse", nous voudrions vous signaler que nous n'avons pas demandé à participer à cette soirée. C'est la Mairie qui à contacté le Gil Bar et c'est l'Association des Professeurs de Philosophie qui nous a contactés. Le Gil Bar n'a pas vendu plus de mousse que lors de certaines soirées "spéciales" qui existent tout au long de l'année. S'il a vendu autant de mousse pour la nuit philosophique ce n'est que justice : le Gil Bar est le seul café de Poitiers où se tient un débat philosophique hebdomadaire et gratuit. Lorsqu'on a proposé de mettre en place un débat de café et ne sachant pas ce qui allait se passer, on nous a gentiment dit oui, et on a mis à notre disposition une partie de la salle : échange de bons procédés ! Si vous voulez parler commerce et profits, parlez-en mais pas seulement au sujet du Gil Bar. Parlez-en au sujet de cette soirée ou même plus généralement en ce qui concerne les manifestations culturelles : Comment faire pour "gagner" (pas seulement de l'argent) avec les choses intellectuelles ? De parler des "profits" du Gil Bar jette le doute sur la respectabilité du débat philosophique qui s'y tient. Nous tenons à vous signaler que personne n'a rien touché pour mettre en place le débat qui s'est tenu au Gil Bar, ni pour aucun des autres débats qui s'y sont tenus. Pas d'argent public (aucune subvention pour association), pas d'argent privé non plus. Pauvres mais libres ! Et donc vous ne pouvez pas faire comme si le débat qui s'est tenu au Gil Bar était un dû pour les participants et pour les "écoutants". Ce n'est pas "satisfaits ou remboursés" puisqu'ils n'ont rien acheté, c'est "de quel effort suis-je capable pour participer à un débat philosophique ?" La question n'est pas pour nous : Comment faire pour "gagner" (pas seulement de l'argent) avec les choses intellectuelles ? mais : comment faire de la philosophie publiquement et librement sans moyens financiers ? Juste pour dire qu'on n'est pas à vendre surtout pour le prix d'une mousse ! Non seulement nous n'avons pas demandé à y participer mais nous avions beaucoup plus à y perdre qu'à y gagner si on y participait. Car la difficulté était de pouvoir concilier l'originalité du débat philosophique de café avec une manifestation de philosophie qui avait ses propres exigences. Il y avait un obstacle sérieux : le fait que contrairement à l'habitude le sujet soit donné à l'avance, surtout qu'il soit axé sur un philosophe précis ce qui aurait tendance à ne faire parler que ceux qui savaient, les autres n'auraient qu'à écouter. Le débat philosophique de café pouvait être totalement dénaturé en conférence. De plus il y a ce fait que l'on n'a pas pris assez au sérieux : la foule. Il aurait fallu avoir des micros. Tous les éléments (parole réservée, nécessité de micros) étaient réunis pour que le débat de café se transforme en sa négation : la conférence, pour qu'on ne fasse pas un débat de café mais une conférence. Nous pensons qu'on s'est assez bien tirés d'affaire. Ce ne fût pas un monologue, les participants ont participé, le débat ne fût pas dénaturé. Ce qui est dommage c'est que tous les présents n'ont pas pu entendre et participer. Pouvait-on faire autrement ? On peut seulement dire que ce soir-là, il y avait d'autres lieux où on pouvait entendre ce qui se disait, peut-être certains participants y sont-ils allés ? D'autre part le débat philosophique du Gil Bar se tient tous les mercredis de 19 à 21 heures. Ceux qui ont été frustrés peuvent donc se "rattraper" en y participant les prochaines fois ! Il peuvent aussi se "rattraper" sur deux autres débats philosophiques qui existent. L'un au Banjo à Vouillé, l'autre à Saint-Maixent, il sont tous les deux mensuels.
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