De la pauvreté

par Emmanuel Cartron

Paru dans l'Incendiaire n°1, janvier 1997
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Résumé

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Les pauvres sont des cons. Les pauvres sont toujours prêts à adorer les riches qui leur crachent à la gueule. Si les pauvres n'étaient pas si cons, ils seraient riches. Les pauvres ne valent pas plus que les riches que je déteste aussi, rassurez-vous. C'est ce qui est désespérant, on n'a le choix qu'entre être un pauvre con et le rester ou devenir un salaud de riche. Il y a des jours où on ferait mieux de se suicider. Les pauvres n'ont aucune dignité, ils préfèrent vendre des journaux de riches à des riches que de se suicider. Il est vrai que les riches ne parlent jamais des suicides des pauvres. Ce qui me frappe (et ça fait mal), c'est que les pauvres déboursent des sommes astronomiques pour s'intéresser aux histoires des riches, au passé des riches, aux mariages des riches, aux cocufiages des riches, aux divorces des riches, à l'alcoolisme, au sida, aux suicides des riches. Ce qui est proprement désolant, c'est qu'ils sont même prêts à voter pour les riches, mais là, ils ont une excuse, c'est gratuit. Ce qui est abominable, c'est que plus les riches sont salauds, et plus ces cons de pauvres leur trouvent des excuses. Moi aussi les pauvres me font chier et les riches me font gerber ; l'avantage, c'est que je ne risque pas de devenir obèse. Quand mille pauvres disent "T'as pas cent balles", un seul riche ordonne "File moi cent patates"(cf DELARUE-NAGUI-ARTHUR & CO). Le pauvre veut souvent devenir riche sans se fatiguer et c'est pourquoi toute la France des pauvres, celle de 1789, de la commune, du Front populaire s'est prise d'une frénésie de grattage. On a les révolutions que réclame le peuple. Grattage, tirage et passage à la télé sont devenus les trois mamelles de la France des pauvres, car on ne prête qu'aux riches ("le million, le million, et un peu d'essence")."Tant qu'il y aura du grattage, il n'y aura pas de tirage" se disent les riches. Au revoir les pauvres, vous pouvez continuer à gratter et à vous gratter.

Manu

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