Réflexion dramatique
L'intrigue
En cette époque où l'ignorance télévisuelle hante
les foyers , quelqu'un se devait de redonner au peuple poitevin l'envie de débattre,
de réfléchir, d'utiliser toute partie de son corps faisant office
de siège de la pensée.
Encore fallait -il en avoir le courage ou l'inconscience...
Le décor
Les lieux communs l'étant trop et trop peu adaptés, le choix d'un
port d'attache à l'expression de cette pensée était une
entreprise délicate. Ce lieu se devait d'être public mais intime,
accessible et ouvert mais pas à tous vents, suffisamment spacieux sans
que 15 personnes s'y trouvent perdues et ridicules de surcroît, central
dans la cité sans détrôner les édifices du pouvoir
en place.
Ce point stratégique de la cité existe : Il l'a trouvé
: c'est Le Gil Bar.
Les personnages
Le chef spirituel : Marc Sautet
L'orateur : Jean François Chazerans
Les disciples : Vous tous
La pensée personnifiée : le Rat
La victime : l'Indifférence.
1er Tableau
Là où l'on se demande si un débat philosophique est plus
dangereux et sauvage qu'une discussion de comptoir.
L'atmosphère est enfumée, le bruit couvre les voix rauques des
acteurs, certains parlent la bouche pleine.
L'exercice public de la parole ne peut pas être un métier pourtant
souvent la philosophie est réservée à une élite
dans des lieux institutionnels
Le café permet un débat sauvage, permet de débattre avec
des gens que l'on ne connait pas.
Toute question n'est pas philosophie. Pour faire de la philosophie, il faut
se poser les bonnes questions.
Se poser des questions c'est philosopher, or toute question apporte une réponse
et les gens qui posent des questions pensent avoir les réponses et sont
dangereux.
Les nazis qui sont des sauvages ont voulu apporter des solutions sans jamais
avoir philosophé, ils étaient aussi dangereux.
La philosophie aborde les questions qui sont vitales. Les gens qui n'ont pas
le temps de se poser des questions passent leur temps à survivre.
Conclusion, pour compenser l'effet du tabac et de la bière autant philosopher
dans un café puisque c'est vital.
2° Tableau
Là où l'on se demande si la liberté n'est qu'une illusion
L'assistance est clairsemée, les visages sont livides à la lumière
des lampes jaunies. Dehors le bruit des pas martèle les pavés
, des bus bondés passent vers une destination inconnue
Ce qui est étrange c'est que l'homme ait toujours eu besoin d'un maître
ou de règles dont l'état en est l'expression actuelle. La légitimité
de l'état et de la répression se trouve dans ce que l'individu
n'est pas responsable. Dans le monde, il n'y a pas que les anarchistes et les
passifs, il y a aussi les enculés.
C'est la propriété qui est à la source de la répression,
la protection des biens individuels et collectifs passe par la répression.
La possession étant source d'inégalité , la répression
est un moyen de sauvegarder les inégalités.
La privation de liberté par la répression est légale..
Or les lois sont faites par la majorité pour une minorité.
La société se construit donc sur une majorité réprimée
pour une minorité répressive.
Un des moyens de réprimer c'est le travail. Contrairement à ce
qui a pu être écrit sur certains camps, le travail ne rend pas
libre.
Le travailleur, privé de liberté rachète une part de dignité
par son travail mais il peut perdre ce qui lui reste de liberté : la
liberté de penser.
On pense généralement que l'acquisition de biens matériels
par le travail rend plus libre et permet de vivre. En fait, plus on travaille
moins on dispose de temps et plus on enrichit le patron, la hiérarchie.
Le travail est propre à l'homme, il lui permet de rêver à
un monde meilleur
3° Tableau
Là où l'on juge le fou
L'atmosphère est ensoleillée, le vin coule à flot, Gil
est resté dans son bar, l'orateur domine ses disciples et son jardin.
Après avoir fait comprendre à l'assistance sporadique du café
que tout dans ce monde est fait pour aliéner l'homme , l'orateur est
expulsé et doit comparaître pour trouble à l'ordre public
Rappel des faits : voir preuves.
Vous avez déjà tous vu cet homme boire une bière par l'oreille
et prendre sa femme pour un chapeau.
Le jury populaire que vous formez devra donc répondre aux trois questions
suivantes :
1- Cet homme aux cheveux longs répond-il aux normes de la société?
2- La folie de cet homme est elle uniquement physiologique?
3- Est-ce encore seulement un homme ? Est il encore capable d'aimer? De travailler?
Sentence
Après avoir répondu aux trois questions, cet homme est reconnu
coupable, il est donc condamné à propager les débats philosophiques
à travers tout lieu qui lui semblera approprié afin de favoriser
la contagion des idées.
A.S.