Debat
Sujets proposés
La violence est-elle vraiment condamnable ?
L'habitude est-elle source de malheur ?
Etre mûr est-ce être prêt à mourir ?
Le suicide est-il preuve de lâcheté ou de courage ?
Sujet choisi
Le suicide est-il preuve de lâcheté ou de courage ?
Déroulement du débat
- Lorsqu'il n'y a plus de solutions, il n'y a que le courage de continuer ou
la lâcheté d'en finir. Si on fuit devant les difficultés
n'est-ce pas de la lâcheté ? Ne peut-on pas pourtant considérer
le suicide comme un acte courageux ?
- C'est de la lâcheté car le courage n'est que par rapport à
la personne, mais est-ce la question première du suicidé ?
- La question se pose en termes de souffrance.
- Le suicide est un acte. Il y a une différence entre l'idée de
suicide et le passage à l'acte. Celui qui se suicide va jusqu'au bout
de lui-même et le fait en connaissance de cause.
- Il s'agit d'une libération
- Les moyens utilisés pour le suicide impliquent une hiérarchie
des suicides.
- Un suicidé peut faire semblant pour qu'on le remarque mais il peut
vraiment réussir si il le souhaite.
- Si celui qui trouve vraiment les moyens de se suicider peut être défini
comme courageux c'est parce qu'il refuse une situation donnée. Au fond
continuer à se battre lorsque tout est fini est une lâcheté,
le courage c'est de dire que la vie n'a pas lieu d'être.
- Se suicider n'est pas courageux puisque c'est une fuite. On ne se suicide
pas pour les autres, mais égoïstement pour soi-même.
- La conviction peut-être une preuve de courage (par exemple les kamikazes).
- C'est plutôt un sacrifice pour une conviction et on se sacrifie plus
qu'on se suicide pour une conviction.
- Le kamikaze est plutôt un moyen dans un combat. Il faut distinguer le
kamikaze et le suicidaire.
- D'autre part, il y a une différence entre le suicide et le sacrifice.
Le suicide est refus de la vie, le sacrifice, par exemple celui d'un bonze qui
s'immole pour montrer son dégoût face à la dictature ou
aux malheurs du monde, est une façon de promouvoir la vie.
- Il y a une différence entre se suicider et donner sa vie.
- Dans tous les cas c'est le fait de mettre fin à ses jours qui est la
solution mais la mort est-elle vraiment une solution ?
- Le suicide est un acte égoïste alors que le sacrifice est altruiste.
Le suicide est une lassitude face à la vie. Le sacrifice est un symbole.
Le suicide n'est pas une solution.
- Se suicider sans conviction, sans idéologie, c'est très égoïste.
- N'y a-t-il pas un désir de justice et de vengeance derrière
le suicide ?
- Pourquoi le suicide serait-il égoïste ? Ne peut-on pas penser
qu'à l'inverse le suicidé n'est pas égoïste et que
s'il s'est suicidé c'est parce que les autres l'ont été
?
- Si la liberté de l'individu doit passer par l'égoïsme alors
vive l'égoïsme !
- Dans la plupart des cas le suicidé laisse les autres, même s'il
y avait entre eux auparavant, des liens forts.
- Quelqu'un qui se suicide est coupé de lui-même, c'est une partie
de lui-même qui veut anéantir l'autre, "on ne se tue que pour
exister" (Malraux).
- C'est difficile de parler du suicide car il y a autant de suicides que de
suicidés.
- Se suicider est un acte de lâcheté parce c'est individuel et
égoïste, c'est penser à soi et plus aux autres.
- Ne pourrait-on pas prévenir le suicide ?
- Si c'est un acte égoïste ce ne sera pas très facile.
- Celui qui se suicide n'a-t-il pas conscience de faire du mal aux autres ?
- Quand on souffre on est seul, pourquoi parler d'égoïsme plutôt
que de solitude ?
- Le suicide n'a pas grand-chose à voir avec l'égoïsme puisqu'il
y a des sociétés où on se suicide et d'autres où
on ne se suicide pas. Dans l'acte de suicide il faut tenir compte de la responsabilité
de la société.
- Ne peut-on pas considérer que le sacrifice est un acte courageux parce
que le choix de l'individu le détermine alors que, puisque pour le suicide
existentiel il n'y a plus de choix, c'est un acte lâche ?
- Le suicide est un acte d'amour envers soi-même car on arrive à
la libération. C'est un don total de soi-même. Le sacrifice du
kamikaze est plutôt une question d'honneur, en cela la différence
entre le sacrifice et le suicide s'estompe. Celui qui se suicide est toujours
libre de son choix.
- Ce dont tu parles c'est du suicide idéal qui pose la question de la
liberté de l'homme.
- Le suicide par un acte qui fait souffrir n'est pas vraiment un suicide parce
que cela devient insupportable. Puisque la fin du suicide c'est la mort le jugement
ne peut que condamner le suicide.
- On parle maintenant du suicide motivé. Pour certains philosophes, Platon
par exemple, "philosopher c'est apprendre à mourir", c'est
au-delà de la mort que se trouve la vérité et notre corps
nous empêche de l'atteindre actuellement, ne faut-il pas alors se suicider
afin de connaître plus vite la vérité ?
- Dans ce cas, il n'y a pas de mort c'est une quête.
- Ne peut-on pas se demander si à certains moments de la vie il n'est
pas préférable de mourir ?
- La plupart des suicides sont loin de ça.
- Le suicide n'est-il pas lâche parce qu'on abandonne toute forme de combat
? Le courage n'est-ce pas d'affronter l'inconnu ?
- Le suicide est une question de nécessité, on est déterminé
par certaines expériences de notre vie.
- Dans ce cas-là reste-t-il encore le choix ? Le choix absolu c'est de
pouvoir dire je continue à vivre ou non.
- Le suicide est ce moment précis où on n'a plus le choix car
se suicider c'est éliminer la possibilité du choix. Ce n'est pas
une question de destin, c'est vraiment une rupture avec soi-même.
- Au moment du suicide est-on encore lucide et conscient ?
- N'est-ce pas plutôt la raison seule qui décide de la mort ?
- Celui qui est tenté de se suicider mais qui ne le fait pas peut comprendre
réellement ce qu'est la vie. L'idée du suicide lui donne alors
envie de vivre.
- Les gens qui sont attirés par la mort sont considérés
par la société comme malades.
- Le suicidaire dérange mais c'est le dernier acte conscient.
- L'homme est le seul animal qui sait qu'il va mourir.
- N'y a-t-il pas quand même un instinct de conservation ? Une force qui
nous pousse à rester en vie.
- Il ne faut pas opposer la conscience à l'instinct de conservation.
Le suicide serait vécu comme une dégradation biologique si la
conscience pouvait diriger le biologique. Le suicide est une mort violente,
on est seulement déterminé à survivre. Le suicide est le
résultat d'un choix, la vie n'étant qu'un combat.
- Dans notre société on oublie ce que veut dire mourir.
- Dans notre société c'est un combat pour la vie. Le suicide est
un problème social qui mérite d'être envisagé, c'est
un acte de liberté de confronter sa vie à la mort.
- Est-ce vraiment un acte de liberté ? Le suicide n'est-ce pas la négation
du choix ? D'autre part, quitter son corps est-ce encore du domaine de notre
liberté ?
- Pour moi le suicide est un acte de liberté de la pensée mais
lorsqu'on se suicide, l'acte n'est pas libre.
- Dans les tragédies, les héros qui se suicident montrent que
c'est une démonstration et non pas une liberté.
- Ce n'est pas l'objectif qui pose la liberté mais c'est le choix lui-même.
- Le suicide est l'élimination de tout choix.
- N'est-ce pas choisir de ne plus avoir à choisir ?
- Le suicide est le choix de sa mort. Le suicidé choisit son heure et
la façon de mourir.
- Le suicide est-il légitime ? Peut-on considérer la vie comme
étant du domaine du choix ?
- Les autres sont absents du débat.
- Dans le suicide le ce qui est en question c'est soi-même et pas les
autres.
- Ne peut-on pas dire en se suicidant : j'existe ?
- Lorsqu'on se suicide c'est par rapport à ceux qui restent.
- Les suicidés quittent-ils la vie ou vont-ils vers la mort ?
- Le suicidé laisse une question aux autres : quel est le sens de la
vie ?
- Quand on donne la vie, on donne la mort.
- Le suicide est peut-être en rapport avec la culture.
- Le suicide reste un sujet tabou.
- Ne peut-on pas mettre en rapport le suicide et l'euthanasie ?
- Est-ce que chacun peut décider de sa propre mort ?
- Le suicide est un acte en toute conscience, c'est un acte prémédité.
- Si on est seul on ne se tue pas.
- Oui mais il faut que les autres contre qui on se suicide soient des proches
et non la société en général.
- Le suicide est lié à l'existence de la violence. Il n'y a pas
de suicide sans violence et le suicide est une violence tournée vers
soi-même. Que signifie cette violence intériorisée ? Pourquoi
n'est-elle pas tournée vers les autres ?
- N'est-ce pas parce que le suicidaire ne peut pas agresser les autres qu'il
s'auto-détruit ?
- Le bon suicidé est-il celui qui évite la souffrance des autres
ou celui qui l'augmente le plus ?
- Y a-t-il des raisons pour se suicider qui sont comme les raisons de ne pas
se suicider ?
La vie et la mort ne sont-elles pas des pulsions ?
- ...