Editorial
Nous avons déjà eu l'occasion de débattre sur le thème
du travail au café philosophique. Généralement, on aboutit
à deux thèses différentes : d'un côté on considère
le travail comme une nécessité pour l'homme, ce serait dans le
travail que les individus révéleraient leur humanité, et
d'un autre côté, on pense que le travail est une activité
aliénante dont le seul intérêt serait de nous permettre
de subvenir à nos besoins matériels. Personnellement, je pencherais
pour cette deuxième définition. En effet, si on s'en tient au
sens littéral du mot travail, celui-ci n'est autre qu'une activité
de production aliénante pour l'esprit car fatiguante pour le corps.
Cependant, à l'aube du XXI°siècle, ce débat peut paraître
obsolète. Il suffit d'allumer son poste de télévision ou
d'écouter la radio à l'heure du journal d'informations. Partout
les chômeurs s'accumulent, des milliers de travailleurs se retrouvent
sans emploi. Personne ne leur donne le choix. Nous sommes arrivés à
l'ère de la technique et de l'automatisation. Cela peut paraître
comme un progrès pour certains : moins de travailleurs et plus de profit
grâce aux machines plus performantes et moins capricieuses. Il est qu'avec
la mondialisation du marché, les entreprises se doivent d'être
toujours plus concurrentielles. De mon côté, j'aimerais pouvoir
me réjouir : le vieux rêve socialiste de la fin du XIX°siècle
serait-il en train de se réaliser? Les Hommes ne seraient plus attachés
à leurs travaux aliénants, ils seraient enfin libres. Les machines
remplaceraient les esclaves de la Grèce antique et chacun pourrait se
donner à des activités véritablement humaines sans avoir
à se soucier de ses besoins matériels. Ne rêvons pas ! Nous
sommes dans un système mondialo-capitaliste. Personne ne souhaite répartir
les richesses que pourraient apporter les machines-esclaves. Personne n'ose
imaginer ne serait-ce qu'une seconde, une nouvelle mise en place du communisme,
car le souvenir encore trop contemporain du stalinisme effraie toujours. A juste
titre d'ailleurs. Il faut s'attendre à des bouleversements sociaux pour
la fin de notre millénaire. Les Etats-Unis et l'Angleterre croient avoir
trouvé la solution au problème du chômage en multipliant
les jobs mal payés et les métiers à mi-temps ou autre contrat
à durée déterminée. Il est alors plus facile de
trouver du travail dans ces pays, mais les postes sont précaires et de
plus en plus mal payés. Ce système ne me paraît pas être
la solution. Souhaitons qu'en France personne n'ait l'idée géniale
de l'importer.
Pour illustrer ces propos, j'aimerais conseiller la lecture du livre de Jérémy
Rifkin, qui s'intitule La fin du travail. Cet auteur américain, à
l'aide de nombreux exemples, retrace l'histoire du travail depuis le XIX°siècle
jusqu'à nos jours. Et la notion de travail risque encore d'évoluer
d'ici les prochaines décennies à venir.
S.F. éditorialiste (seulement ! )