HomeVie de l'IncendiaireLes archivesLiensActualité PhiloForumHelp !!!Nous quitter... déjà ?
   

Y'a-t-il une différence en-
tre l'homme et la femme ?

au Gil'bar le 03 avril 1996

 

Paru dans l'Incendiaire n°7, septembre 1997
6 pages



Résumé

texte résumé

 

Sommaire rapide

Y A-T-IL UNE DIFFERENCE ENTRE L'HOMME ET LA FEMME ? (3 avril 1996)

Y A-T-IL UNE DIFFERENCE ENTRE L'HOMME ET LA FEMME ? (3 avril 1996)


SUJETS PROPOSES
Y a-t-il une différence entre l'homme et la femme ?
Le mensonge peut-il falsifier l'histoire et la mémoire ?
La religion peut-elle admettre la raison ?
SUJET CHOISI
Y a-t-il une différence entre l'homme et la femme ?
DEROULEMENT DU DEBAT
- La personne qui a proposé le sujet s'est expliquée. Apparemment la différence est très marquée entre l'homme et la femme, la plupart du temps on peut dire immédiatement si on a affaire à une femme ou à un homme. Les hommes et les femmes ont des caractères particuliers, aujourd'hui j'ai entendu dire à la radio que la femme était plus sensible que l'homme. Ces différences existent-elles réellement ? Et si oui, quel peut en être le fondement ? Il y a évidemment une différence biologique mais cette dernière peut-elle expliquer toutes les différences ? Pour ma part je pense que le biologique n'explique rien et que les différences constatées proviennent de l'éducation différente que reçoivent les filles et les garçons.
- Sans défendre le côté biologique, les différences d'hormones n'influent-elles pas sur la psychologie ?
- Tous les jours on voit des femmes plus masculines et des hommes plus féminins, les différences entre les hommes et les femmes diminuent. Si on donnait une autre éducation aux filles n'auraient-elles pas un comportement différent ?
- Le fait qu'on soit physiquement différent influe sur notre comportement.
- Selon vous quelle différence peut-on faire entre un homme et une femme ?
- On n'a pas le même cerveau !
- Les femmes savent qu'elles sont femmes lors de leurs premières règles, il n'y a pas d'équivalent chez l'homme et il a un chromosome féminin X. On éduque les hommes à être homme. Si on se sent femme c'est qu'on l'est physiologiquement par contre on se sent homme que parce qu'on est formé à être homme.
- Si on prenait deux hommes et qu'on les éduquait de la même manière réagiraient-ils de la même façon face aux circonstances ?
- Bien-sûr ils ne réagiraient pas de la même façon mais est-il vraiment possible d'éduquer deux hommes de la même manière ?
- Je pense que la révolution qui met au même rang les hommes et les femmes est un danger surtout pour les hommes. Ils ne savent plus ce qu'ils doivent faire, quelle est leur place dans le couple, etc.
- Je ne pense pas qu'il y ait seulement une différence physique. Par exemple je n'ai pas l'impression que ma mère soit la même chose que mon père, or ce n'est pas une différence entre femme et homme mais entre rôles sociaux.
- L'homme et la femme n'ont pas d'identité propre. Dans ma société, an Afrique, jusqu'à un certain âge on est homme et femme à la fois ou plutôt on n'est pas caractérisé en tant qu'homme ou en tant que femme. Ce n'est que lorsqu'on passe à l'âge adulte qu'on le devient.
- Je crois qu'il faudrait trouver des caractéristiques propres à définir chacun.
- Tous les mois la femme a ses règles alors que l'homme n'a pas de point de repère. Le danger pour un homme c'est qu'il ne se rende pas compte qu'il est homme.
- Physiquement deux hommes peuvent aussi être très différents. Le problème serait plutôt de savoir si les hommes et les femmes diffèrent psychologiquement. Par exemple il paraît que les femmes sont plus humaines que les hommes, si elles gouvernaient un pays peut-être que ça irait mieux.
- Je ne crois pas qu'il y ait une différence psychologique entre l'homme et la femme, sur quel critère peut-on baser la distinction d'une nature masculine et d'une nature féminine ?
- Peut-être que porter la vie influe sur le comportement humain de la femme. Quelquefois on dit que les hommes ont une pierre à la place du cœur.
- N'est-ce pas l'éducation qui intervient ici ?
- Si c'est l'éducation, il n'y aura pas de différence entre un homme et une femme, moi qui suis un homme je ne pense pas devenir un jour une femme.
- Je pense que les hormones influencent le comportement.
- La distinction entre hommes et femmes est avant tout une distinction sociale car ça nous dérange de ne pas connaître le sexe de quelqu'un. Lorsque nous sommes en présence de quelqu'un la première chose qu'on fait c'est qu'on détermine son sexe. Il y a une expérience qui a été faite avec des bébés. On a formé trois groupes égaux de bébés habillés en bleu, rose et jaune, qu'on a placés dans des pièces différentes et on a fait entrer des adultes pour qu'ils s'en occupent. Les trois groupes de bébés étaient composés d'un nombre égal de filles et de garçons mais on a dit aux adultes que le groupe de bébés habillés en rose était des filles et le groupe de bébés habillés en bleu des garçons. Pour le groupe de bébés habillés en jaune on leur a seulement dit qu'il y avait des garçons et des filles. Que s'est-il passé ? Au bout de quelques instants les adultes sont allés chercher dans les jouets disposés en tas dans un coin des pièces de quoi amuser les bébés. Les adultes ont proposé des poupées aux bébés habillés en rose, des voitures aux bébés habillés en bleu. Par contre pour le groupe des bébés habillés en jaune les adultes ont passé un certain temps à essayer de déterminer le sexe des bébés, ceux qui étaient toniques ont été considérés comme des garçons, ceux qui étaient calmes comme des filles. Après cela ils sont allés chercher des poupées pour ceux qu'ils avaient déterminés comme des filles et des voitures pour ceux qu'ils avaient déterminés comme des garçons.
- Le rôle de la femme n'est pas facile à expliquer car les femmes sont passées d'une situation servile de femme au foyer à une situation aussi servile de femme qui travaille en usine.
- L'éducation n'influe pas vraiment sur le comportement, une fille peut avoir un caractère de garçon et un garçon un caractère de fille.
- C'est assez bizarre de dire ça, d'où viendrait qu'une fille ait un caractère de garçon ? N'y a-t-il pas deux domaines qui sont mélangés dans ce que tu dis ? N'est-ce pas plutôt qu'un être biologiquement féminin à un caractère (sociologique ou psychologique) masculin ?
- Et que fais-tu de l'homosexualité ?
- C'est encore un autre domaine : celui de l'attirance sexuelle. Il y a des comportements masculins et féminins mais cela n'a rien à voir avec le fait d'être homme ou femme, il n'y a pas de caractère psychologique féminin ou masculin déterminé biologiquement.
- Donc tu ne fais pas de différence entre la femme et l'homme.
- Il y a une différence physiologique qui ne rend pas compte de toutes les différences que nous pouvons faire. C'est un constat qu'on peut faire qu'il y a des différences entre les hommes et les femmes mais ces différences sont sociales et non pas biologiques, elles se modifient et on peut les changer. Je pense même qu'on pourrait carrément les éliminer.
- La femme est quand même plus faible et l'homme plus fort.
- Si on dit qu'il y a une différence psychologique entre la femme et l'homme cela va nous conduire à dire que l'homme est supérieur à la femme.
- La force de l'homme et la faiblesse de la femme ne sont que statistiques. Il y a des femmes qui sont plus fortes que des hommes. On a plutôt habitué les femmes à réagir d'une certaine façon et les hommes d'une autre.
- Il y a quand même la taille.
- C'est aussi statistique, il y a des femmes qui sont plus grandes que certains hommes.
- Lorsqu'on est plus faible on n'a pas besoin d'être femme pour utiliser la ruse.
- Chez les Inuits il y a un "troisième sexe". En général l'homme est chasseur et la femme reste pour s'occuper du foyer, les garçons aident leur père et les filles leur mère. Dans les familles où il n'y a que des garçons, par exemple il y a quatre garçons, si le cinquième enfant est encore un garçon, il sera éduqué comme une fille pour pouvoir aider sa mère au foyer. Il en est de même pour les filles. C'est le troisième sexe.
- Une femme éduquée comme un homme est toujours une femme et ceci est indépendant de ses activités.
- C'est plus compliqué car ce qui est intéressant chez les Inuits, c'est qu'un homme "troisième sexe" ne pourra épouser qu'une femme "troisième sexe", dans ce cas ce sera l'homme qui restera au foyer et la femme qui chassera. Chez eux on est femme ou homme selon la tâche que l'on accomplit et quelquefois cette tâche n'est pas dépendante du sexe biologique.
- La différence entre la femme et l'homme est la même qu'entre les esclaves et les maîtres. Ce sont les hommes qui font ce qu'ils veulent de la femme, qui les manipulent.
- Le problème de la femme c'est de s'assumer comme étant le désir de l'homme (Lacan).
- Lorsqu'on dit qu'il y a des tâches masculines et des tâches féminines, ce n'est qu'un constat, ce qu'il y a en plus dans notre société c'est qu'on fonde cette différence sur une nature masculine ou féminine déterminée par le sexe biologique. Il y a des tâches, des comportements masculins et féminins mais notre société introduit en plus une différence de tempérament.
- Je voudrais des exemples.
- Les tâches et les comportements des hommes et des femmes sont très tranchés dans notre société. Par exemple, au niveau de la simple apparence, on peut le plus souvent dire si on a affaire à un homme ou une femme, il y a aussi des métiers d'hommes et des métiers de femmes mais ce n'est qu'un constat, le problème c'est de savoir si c'est absolument réservé aux femmes ou aux hommes, c'est-à-dire s'il y a, en plus, une différence de tempérament fondée sur le sexe biologique.
- On ne peut justifier les différences de tâches ou de comportements que par le conditionnement et la vie en société. Au fond les petites filles jouent à la petite fille et les petits garçons au petit garçon.
- Mais j'ai peur que ce ne soit pas si clair pour tout le monde et surtout que tout le monde n'est pas prêt à admettre toutes les conséquences qu'on pourrait tirer de ce qui vient d'être dit.
- Maintenant on voit des femmes faire tous les métiers, donc cela vient de l'éducation.
- Oui mais moi qui suis une femme, j'ai reçu une éducation d'homme et pourtant je fais toutes les tâches ménagères de la maison.
- Pensez-vous que l'instinct maternel, l'instinct qu'a la mère de protéger son enfant, existe ?
- C'est purement animal.
- Non, c'est purement culturel.
- Moi je dirais qu'il y a un instinct parental.
- Il n'y a pas d'instinct parental car un père ou une mère peut très bien laisser son enfant souffrir.
- Si c'est purement animal alors pourquoi certaines personnes ne l'ont pas ?
- Les comportements animaux de l'homme peuvent très bien être développés ou inhibés par l'éducation.
- Alors comment concilier cela avec ce qu'on a dit avant, que la différence de comportement entre les femmes et les hommes venait de l'éducation ? Pourquoi n'y aurait-il pas des comportements animaux féminins et masculins ? Par exemple au lycée, il y a une sur-représentativité des filles en terminale littéraire et des garçons en terminale scientifique...
- C'est une chose culturelle, les enfants des ouvriers sont aussi plus dans les apprentissages, etc.
- Mais on pourrait aussi dire que c'est parce que les filles ont plus développé le côté du cerveau lié au langage et les garçons le côté lié à la logique. Je pense que si on introduit un instinct maternel ou des comportements animaux chez l'homme on est conduit à fonder biologiquement ou physiologiquement la différence entre les hommes et les femmes.
- Dans la religion chrétienne ou islamique ce sont les hommes qui ont déterminé la place des femmes. Ce n'est pas une question de cerveau, chaque individu est différent.
- La différence biologique, elle existe. C'est la femme qui porte les enfants et croyez-moi, je n'ai pas choisi. Dire que les femmes sont plus machin ou plus truc, c'est vraiment pas intéressant. Je crois qu'on pourrait peut-être passer à autre chose.
- Je ne sais pas si on peut dire que c'est la femme qui porte les enfants. C'est la mère et non pas la femme.
- Maintenant la femme porte les enfants qu'elle désire parce qu'il y a la contraception. Ce qui est important c'est l'idée culturelle qu'on se fait de l'homme, de la femme, de la mère et du père.
- Avant une femme ne pouvait être que mère, est-ce que cela implique que maintenant on peut faire ce que l'on veut ? Il y a encore une différence biologique.
- Il y a des femmes qui n'ont pas eu d'enfant et d'autre qui n'en ont pas encore. La différence biologique dont tu parles concerne la mère et le père non pas la femme et l'homme.
- L'homme ne peut pas être une mère.
- La différence homme-femme peut-elle se ramener à la différence père-mère ?
- Pourquoi la contrainte de la biologie a-t-elle empêché les femmes d'être autre chose que des mères ? Pourquoi la contrainte biologique a-t-elle formé cette société machiste ? Et pourquoi maintenant qu'elle n'existe plus, on ne reconnaît toujours pas notre individualité de femme ?
- Est-ce que la différence biologique implique nécessairement une différence culturelle ?
- Est-ce que c'est vraiment la contrainte biologique qui a empêché les femmes d'être autre chose que des mères ? Les comportements sont-ils comme les différences physiques ? Si on dit que c'est biologique, il faut l'accepter tel que c'est car on ne peut rien y changer. Si c'est culturel on peut le changer.
- Qu'est-ce qui fait que l'homme a dominé la femme ?
- L'homme a imposé son pouvoir sur la femme peut-être parce qu'elle le gênait...
- Dans les mythes il y a des sociétés amazones, ce qui renvoie peut-être aux premières sociétés qui étaient matriarcales. C'est peut-être contre cette domination ancienne de la femme que les hommes exercent leur pouvoir. Les femmes ont accepté le rôle de femme objet, c'est à elles de tout faire pour changer les choses.
- Soit c'est changeable, soit ce n'est pas changeable. Si c'est biologique ce n'est pas changeable, par contre si c'est une question de pouvoir c'est changeable.
- Le problème n'est pas dans la maternité. Tout est aménagé, dans notre société, pour que la femme devienne mère le plus rapidement possible. Si les femmes ne veulent pas le pouvoir, les hommes ne vont pas leur donner.
- C'est aux deux parents de faire l'éducation des enfants.
- Imaginons qu'il puisse exister une société où il n'y a pas de partition des tâches, y aura-t-il toujours une distinction entre féminin et masculin ?
- Qui définit les rôles de la femme et de l'homme ? c'est au couple de partager les rôles.
- L'homme et la femme n'ont pas le même rôle dans le couple.
- Nous avons dit que c'est une question de pouvoir.
- Non, il n'y a pas de pouvoir, seulement il ne faut pas faire une société féminine et une société masculine.
- C'est la société qui donne les tâches de chacun.
- N'est-ce pas la force de l'habitude qui nous fait rester dans une position machiste.
- Il y a par exemple une inégalité dans les salaires pourtant les femmes se battent pour l'égalité.
- Oui mais ce sont les hommes qui dirigent et qui fixent les salaires.
- Peut-on dire qu'à part la différence physique c'est-à-dire les caractères sexuels et le fait de porter des enfants, il n'y a pas de différence entre l'homme et la femme.
- Il n'y a pas de différence.
- Il faut peut-être se méfier de ne pas confondre égalité et identité.
- Y a-t-il des hommes qui veulent devenir femme et vice versa ?
- Ca arrive, n'a-t-on pas besoin de la différence justement pour former notre identité ?
- Si on ne fait pas de différence entre l'homme et la femme on est conduit contre son gré à remettre en cause certaines choses. Par exemple sur la sexualité, pas la reproduction mais l'amour et l'acte sexuel. Notre désir est formé en fonction du sexe de la personne que l'on désire, s'il n'y a pas de différence entre l'homme et la femme un homme pourrait désirer un homme aussi bien qu'une femme et pareil pour la femme. Or sommes-nous vraiment prêts à accepter l'homosexualité ?
- La femme et l'homme ne peuvent pas être identiques.
- Ce n'est pas l'identité qui est en jeu mais c'est savoir s'il y a plus de différences entre un homme et une femme qu'entre un homme et un homme.
- Il y a des différences biologiques mais il n'y a pas de différences psychiques.
- Chaque fois qu'une femme revendique son égalité avec l'homme, elle fonde sa différence. La différence c'est que la femme n'a pas en pratique les mêmes droits que l'homme.
- Nous n'avons pas parlé de la transexualité. Là, il n'y a ni du biologique, ni du culturel. Un homme peut se sentir totalement femme et pourtant en cela il n'y a rien de biologique.
- ...
TEXTES
Gustave Le Bon, "Recherches anatomiques et mathématiques sur les lois des variations du volume du cerveau et sur leurs relations avec l'intelligence"
"Dans les races les plus intelligentes, comme les Parisiens, il y a une notable proportion de la population féminine dont les crânes se rapprochent plus par le volume de ceux des gorilles que des crânes du sexe masculin les plus développés. [...] Cette infériorité est trop évidente pour être contestée un instant, et on ne peut guère discuter que sur son degré. Tous les psychologistes qui ont étudié l'intelligence des femmes ailleurs que chez les romanciers et les poètes reconnaissent aujourd'hui qu'elles représentent les formes les plus inférieures de l'évolution humaine et sont beaucoup plus près des enfants et des sauvages que de l'homme adulte civilisé. Elles ont des premiers la mobilité, et l'inconstance, l'absence de réflexion et de logique, l'incapacité à raisonner ou à se laisser influencer par un raisonnement, l'imprévoyance et l'habitude de n'avoir que l'instinct pour guide. [...] On ne saurait nier, sans doute, qu'il existe des femmes fort distinguées, très supérieures à la moyenne des hommes, mais ce sont là des cas aussi exceptionnels que la naissance d'une monstruosité quelconque, telle par exemple qu'un gorille à deux têtes, et par conséquent négligeables entièrement.
Vouloir donner aux deux sexes, comme on commence à vouloir le faire en Amérique, la même éducation, et par suite leur proposer les mêmes buts, est une chimère dangereuse. [...] Le jour où, méprisant les occupations inférieures que la nature lui a données, la femme quittera son foyer et viendra prendre part à nos luttes, ce jour-là commencera une révolution sociale où disparaîtra tout ce qui constitue aujourd'hui les liens sacrés de la famille et dont l'avenir dira qu'aucune n'a été plus funeste." (G. Le Bon, "Recherches anatomiques et mathématiques sur les lois des variations du volume du cerveau et sur leurs relations avec l'intelligence", Revue d'Anthropologie, 2e série, t. 2, pp. 27-104)
Lacan
"La femme n'existe pas".
Margaret Mead, Mœurs et sexualité en Océanie
"Il nous est maintenant permis d'affirmer que les traits de caractère que nous qualifions de masculins ou de féminins sont pour un grand nombre d'entre eux, sinon en totalité, déterminés par le sexe d'une façon aussi superficielle que le sont les vêtements, les manières, ou la coiffure qu'une époque assigne à l'un ou l'autre sexe. Quand nous opposons le comportement typique de l'homme ou de la femme arapesh [société d'Océanie étudiée par M. Mead] à celui non moins typique de l'homme ou de la femme mundugumor [autre société d'Océanie étudiée par M. Mead], l'un et l'autre apparaissent de toute évidence être le résultat d'un conditionnement social. Comment expliquer autrement que les enfants arapesh deviennent presque uniformément des adultes paisibles, passifs et confiants, alors que les jeunes mundugumor, d'une façon aussi caractéristique, se transforment en êtres violents, agressifs et inquiets ? Seule la société, pesant de tout son poids sur l'enfant, peut être l'artisan de tels contrastes. Il ne saurait y avoir d'autre explication - que l'on invoque la race, l'alimentation ou la sélection naturelle. Nous sommes obligés de conclure que la nature humaine est éminemment malléable, obéit fidèlement aux impulsions que lui communique le corps social. Si deux individus, appartenant chacun à une civilisation différente, ne sont pas semblables (et le raisonnement s'applique aussi bien aux membres d'une même société) c'est, avant tout, qu'ils ont été conditionnés de façon différente, particulièrement au cours de leurs premières années : or c'est la société qui décide de la nature de ce conditionnement. La formation de la personnalité de chaque sexe n'échappe pas à cette règle : elle est le fait d'une société qui veille à ce que chaque génération, masculine ou féminine, se plie au type qu'elle a imposé" M. Mead, Moeurs et sexualité en Océanie, pp 312-313.Y A-T-IL UNE DIFFERENCE ENTRE L'HOMME ET LA FEMME ? (3 avril 1996)
SUJETS PROPOSES
Y a-t-il une différence entre l'homme et la femme ?
Le mensonge peut-il falsifier l'histoire et la mémoire ?
La religion peut-elle admettre la raison ?
SUJET CHOISI
Y a-t-il une différence entre l'homme et la femme ?
DEROULEMENT DU DEBAT
- La personne qui a proposé le sujet s'est expliquée. Apparemment la différence est très marquée entre l'homme et la femme, la plupart du temps on peut dire immédiatement si on a affaire à une femme ou à un homme. Les hommes et les femmes ont des caractères particuliers, aujourd'hui j'ai entendu dire à la radio que la femme était plus sensible que l'homme. Ces différences existent-elles réellement ? Et si oui, quel peut en être le fondement ? Il y a évidemment une différence biologique mais cette dernière peut-elle expliquer toutes les différences ? Pour ma part je pense que le biologique n'explique rien et que les différences constatées proviennent de l'éducation différente que reçoivent les filles et les garçons.
- Sans défendre le côté biologique, les différences d'hormones n'influent-elles pas sur la psychologie ?
- Tous les jours on voit des femmes plus masculines et des hommes plus féminins, les différences entre les hommes et les femmes diminuent. Si on donnait une autre éducation aux filles n'auraient-elles pas un comportement différent ?
- Le fait qu'on soit physiquement différent influe sur notre comportement.
- Selon vous quelle différence peut-on faire entre un homme et une femme ?
- On n'a pas le même cerveau !
- Les femmes savent qu'elles sont femmes lors de leurs premières règles, il n'y a pas d'équivalent chez l'homme et il a un chromosome féminin X. On éduque les hommes à être homme. Si on se sent femme c'est qu'on l'est physiologiquement par contre on se sent homme que parce qu'on est formé à être homme.
- Si on prenait deux hommes et qu'on les éduquait de la même manière réagiraient-ils de la même façon face aux circonstances ?
- Bien-sûr ils ne réagiraient pas de la même façon mais est-il vraiment possible d'éduquer deux hommes de la même manière ?
- Je pense que la révolution qui met au même rang les hommes et les femmes est un danger surtout pour les hommes. Ils ne savent plus ce qu'ils doivent faire, quelle est leur place dans le couple, etc.
- Je ne pense pas qu'il y ait seulement une différence physique. Par exemple je n'ai pas l'impression que ma mère soit la même chose que mon père, or ce n'est pas une différence entre femme et homme mais entre rôles sociaux.
- L'homme et la femme n'ont pas d'identité propre. Dans ma société, an Afrique, jusqu'à un certain âge on est homme et femme à la fois ou plutôt on n'est pas caractérisé en tant qu'homme ou en tant que femme. Ce n'est que lorsqu'on passe à l'âge adulte qu'on le devient.
- Je crois qu'il faudrait trouver des caractéristiques propres à définir chacun.
- Tous les mois la femme a ses règles alors que l'homme n'a pas de point de repère. Le danger pour un homme c'est qu'il ne se rende pas compte qu'il est homme.
- Physiquement deux hommes peuvent aussi être très différents. Le problème serait plutôt de savoir si les hommes et les femmes diffèrent psychologiquement. Par exemple il paraît que les femmes sont plus humaines que les hommes, si elles gouvernaient un pays peut-être que ça irait mieux.
- Je ne crois pas qu'il y ait une différence psychologique entre l'homme et la femme, sur quel critère peut-on baser la distinction d'une nature masculine et d'une nature féminine ?
- Peut-être que porter la vie influe sur le comportement humain de la femme. Quelquefois on dit que les hommes ont une pierre à la place du cœur.
- N'est-ce pas l'éducation qui intervient ici ?
- Si c'est l'éducation, il n'y aura pas de différence entre un homme et une femme, moi qui suis un homme je ne pense pas devenir un jour une femme.
- Je pense que les hormones influencent le comportement.
- La distinction entre hommes et femmes est avant tout une distinction sociale car ça nous dérange de ne pas connaître le sexe de quelqu'un. Lorsque nous sommes en présence de quelqu'un la première chose qu'on fait c'est qu'on détermine son sexe. Il y a une expérience qui a été faite avec des bébés. On a formé trois groupes égaux de bébés habillés en bleu, rose et jaune, qu'on a placés dans des pièces différentes et on a fait entrer des adultes pour qu'ils s'en occupent. Les trois groupes de bébés étaient composés d'un nombre égal de filles et de garçons mais on a dit aux adultes que le groupe de bébés habillés en rose était des filles et le groupe de bébés habillés en bleu des garçons. Pour le groupe de bébés habillés en jaune on leur a seulement dit qu'il y avait des garçons et des filles. Que s'est-il passé ? Au bout de quelques instants les adultes sont allés chercher dans les jouets disposés en tas dans un coin des pièces de quoi amuser les bébés. Les adultes ont proposé des poupées aux bébés habillés en rose, des voitures aux bébés habillés en bleu. Par contre pour le groupe des bébés habillés en jaune les adultes ont passé un certain temps à essayer de déterminer le sexe des bébés, ceux qui étaient toniques ont été considérés comme des garçons, ceux qui étaient calmes comme des filles. Après cela ils sont allés chercher des poupées pour ceux qu'ils avaient déterminés comme des filles et des voitures pour ceux qu'ils avaient déterminés comme des garçons.
- Le rôle de la femme n'est pas facile à expliquer car les femmes sont passées d'une situation servile de femme au foyer à une situation aussi servile de femme qui travaille en usine.
- L'éducation n'influe pas vraiment sur le comportement, une fille peut avoir un caractère de garçon et un garçon un caractère de fille.
- C'est assez bizarre de dire ça, d'où viendrait qu'une fille ait un caractère de garçon ? N'y a-t-il pas deux domaines qui sont mélangés dans ce que tu dis ? N'est-ce pas plutôt qu'un être biologiquement féminin à un caractère (sociologique ou psychologique) masculin ?
- Et que fais-tu de l'homosexualité ?
- C'est encore un autre domaine : celui de l'attirance sexuelle. Il y a des comportements masculins et féminins mais cela n'a rien à voir avec le fait d'être homme ou femme, il n'y a pas de caractère psychologique féminin ou masculin déterminé biologiquement.
- Donc tu ne fais pas de différence entre la femme et l'homme.
- Il y a une différence physiologique qui ne rend pas compte de toutes les différences que nous pouvons faire. C'est un constat qu'on peut faire qu'il y a des différences entre les hommes et les femmes mais ces différences sont sociales et non pas biologiques, elles se modifient et on peut les changer. Je pense même qu'on pourrait carrément les éliminer.
- La femme est quand même plus faible et l'homme plus fort.
- Si on dit qu'il y a une différence psychologique entre la femme et l'homme cela va nous conduire à dire que l'homme est supérieur à la femme.
- La force de l'homme et la faiblesse de la femme ne sont que statistiques. Il y a des femmes qui sont plus fortes que des hommes. On a plutôt habitué les femmes à réagir d'une certaine façon et les hommes d'une autre.
- Il y a quand même la taille.
- C'est aussi statistique, il y a des femmes qui sont plus grandes que certains hommes.
- Lorsqu'on est plus faible on n'a pas besoin d'être femme pour utiliser la ruse.
- Chez les Inuits il y a un "troisième sexe". En général l'homme est chasseur et la femme reste pour s'occuper du foyer, les garçons aident leur père et les filles leur mère. Dans les familles où il n'y a que des garçons, par exemple il y a quatre garçons, si le cinquième enfant est encore un garçon, il sera éduqué comme une fille pour pouvoir aider sa mère au foyer. Il en est de même pour les filles. C'est le troisième sexe.
- Une femme éduquée comme un homme est toujours une femme et ceci est indépendant de ses activités.
- C'est plus compliqué car ce qui est intéressant chez les Inuits, c'est qu'un homme "troisième sexe" ne pourra épouser qu'une femme "troisième sexe", dans ce cas ce sera l'homme qui restera au foyer et la femme qui chassera. Chez eux on est femme ou homme selon la tâche que l'on accomplit et quelquefois cette tâche n'est pas dépendante du sexe biologique.
- La différence entre la femme et l'homme est la même qu'entre les esclaves et les maîtres. Ce sont les hommes qui font ce qu'ils veulent de la femme, qui les manipulent.
- Le problème de la femme c'est de s'assumer comme étant le désir de l'homme (Lacan).
- Lorsqu'on dit qu'il y a des tâches masculines et des tâches féminines, ce n'est qu'un constat, ce qu'il y a en plus dans notre société c'est qu'on fonde cette différence sur une nature masculine ou féminine déterminée par le sexe biologique. Il y a des tâches, des comportements masculins et féminins mais notre société introduit en plus une différence de tempérament.
- Je voudrais des exemples.
- Les tâches et les comportements des hommes et des femmes sont très tranchés dans notre société. Par exemple, au niveau de la simple apparence, on peut le plus souvent dire si on a affaire à un homme ou une femme, il y a aussi des métiers d'hommes et des métiers de femmes mais ce n'est qu'un constat, le problème c'est de savoir si c'est absolument réservé aux femmes ou aux hommes, c'est-à-dire s'il y a, en plus, une différence de tempérament fondée sur le sexe biologique.
- On ne peut justifier les différences de tâches ou de comportements que par le conditionnement et la vie en société. Au fond les petites filles jouent à la petite fille et les petits garçons au petit garçon.
- Mais j'ai peur que ce ne soit pas si clair pour tout le monde et surtout que tout le monde n'est pas prêt à admettre toutes les conséquences qu'on pourrait tirer de ce qui vient d'être dit.
- Maintenant on voit des femmes faire tous les métiers, donc cela vient de l'éducation.
- Oui mais moi qui suis une femme, j'ai reçu une éducation d'homme et pourtant je fais toutes les tâches ménagères de la maison.
- Pensez-vous que l'instinct maternel, l'instinct qu'a la mère de protéger son enfant, existe ?
- C'est purement animal.
- Non, c'est purement culturel.
- Moi je dirais qu'il y a un instinct parental.
- Il n'y a pas d'instinct parental car un père ou une mère peut très bien laisser son enfant souffrir.
- Si c'est purement animal alors pourquoi certaines personnes ne l'ont pas ?
- Les comportements animaux de l'homme peuvent très bien être développés ou inhibés par l'éducation.
- Alors comment concilier cela avec ce qu'on a dit avant, que la différence de comportement entre les femmes et les hommes venait de l'éducation ? Pourquoi n'y aurait-il pas des comportements animaux féminins et masculins ? Par exemple au lycée, il y a une sur-représentativité des filles en terminale littéraire et des garçons en terminale scientifique...
- C'est une chose culturelle, les enfants des ouvriers sont aussi plus dans les apprentissages, etc.
- Mais on pourrait aussi dire que c'est parce que les filles ont plus développé le côté du cerveau lié au langage et les garçons le côté lié à la logique. Je pense que si on introduit un instinct maternel ou des comportements animaux chez l'homme on est conduit à fonder biologiquement ou physiologiquement la différence entre les hommes et les femmes.
- Dans la religion chrétienne ou islamique ce sont les hommes qui ont déterminé la place des femmes. Ce n'est pas une question de cerveau, chaque individu est différent.
- La différence biologique, elle existe. C'est la femme qui porte les enfants et croyez-moi, je n'ai pas choisi. Dire que les femmes sont plus machin ou plus truc, c'est vraiment pas intéressant. Je crois qu'on pourrait peut-être passer à autre chose.
- Je ne sais pas si on peut dire que c'est la femme qui porte les enfants. C'est la mère et non pas la femme.
- Maintenant la femme porte les enfants qu'elle désire parce qu'il y a la contraception. Ce qui est important c'est l'idée culturelle qu'on se fait de l'homme, de la femme, de la mère et du père.
- Avant une femme ne pouvait être que mère, est-ce que cela implique que maintenant on peut faire ce que l'on veut ? Il y a encore une différence biologique.
- Il y a des femmes qui n'ont pas eu d'enfant et d'autre qui n'en ont pas encore. La différence biologique dont tu parles concerne la mère et le père non pas la femme et l'homme.
- L'homme ne peut pas être une mère.
- La différence homme-femme peut-elle se ramener à la différence père-mère ?
- Pourquoi la contrainte de la biologie a-t-elle empêché les femmes d'être autre chose que des mères ? Pourquoi la contrainte biologique a-t-elle formé cette société machiste ? Et pourquoi maintenant qu'elle n'existe plus, on ne reconnaît toujours pas notre individualité de femme ?
- Est-ce que la différence biologique implique nécessairement une différence culturelle ?
- Est-ce que c'est vraiment la contrainte biologique qui a empêché les femmes d'être autre chose que des mères ? Les comportements sont-ils comme les différences physiques ? Si on dit que c'est biologique, il faut l'accepter tel que c'est car on ne peut rien y changer. Si c'est culturel on peut le changer.
- Qu'est-ce qui fait que l'homme a dominé la femme ?
- L'homme a imposé son pouvoir sur la femme peut-être parce qu'elle le gênait...
- Dans les mythes il y a des sociétés amazones, ce qui renvoie peut-être aux premières sociétés qui étaient matriarcales. C'est peut-être contre cette domination ancienne de la femme que les hommes exercent leur pouvoir. Les femmes ont accepté le rôle de femme objet, c'est à elles de tout faire pour changer les choses.
- Soit c'est changeable, soit ce n'est pas changeable. Si c'est biologique ce n'est pas changeable, par contre si c'est une question de pouvoir c'est changeable.
- Le problème n'est pas dans la maternité. Tout est aménagé, dans notre société, pour que la femme devienne mère le plus rapidement possible. Si les femmes ne veulent pas le pouvoir, les hommes ne vont pas leur donner.
- C'est aux deux parents de faire l'éducation des enfants.
- Imaginons qu'il puisse exister une société où il n'y a pas de partition des tâches, y aura-t-il toujours une distinction entre féminin et masculin ?
- Qui définit les rôles de la femme et de l'homme ? c'est au couple de partager les rôles.
- L'homme et la femme n'ont pas le même rôle dans le couple.
- Nous avons dit que c'est une question de pouvoir.
- Non, il n'y a pas de pouvoir, seulement il ne faut pas faire une société féminine et une société masculine.
- C'est la société qui donne les tâches de chacun.
- N'est-ce pas la force de l'habitude qui nous fait rester dans une position machiste.
- Il y a par exemple une inégalité dans les salaires pourtant les femmes se battent pour l'égalité.
- Oui mais ce sont les hommes qui dirigent et qui fixent les salaires.
- Peut-on dire qu'à part la différence physique c'est-à-dire les caractères sexuels et le fait de porter des enfants, il n'y a pas de différence entre l'homme et la femme.
- Il n'y a pas de différence.
- Il faut peut-être se méfier de ne pas confondre égalité et identité.
- Y a-t-il des hommes qui veulent devenir femme et vice versa ?
- Ca arrive, n'a-t-on pas besoin de la différence justement pour former notre identité ?
- Si on ne fait pas de différence entre l'homme et la femme on est conduit contre son gré à remettre en cause certaines choses. Par exemple sur la sexualité, pas la reproduction mais l'amour et l'acte sexuel. Notre désir est formé en fonction du sexe de la personne que l'on désire, s'il n'y a pas de différence entre l'homme et la femme un homme pourrait désirer un homme aussi bien qu'une femme et pareil pour la femme. Or sommes-nous vraiment prêts à accepter l'homosexualité ?
- La femme et l'homme ne peuvent pas être identiques.
- Ce n'est pas l'identité qui est en jeu mais c'est savoir s'il y a plus de différences entre un homme et une femme qu'entre un homme et un homme.
- Il y a des différences biologiques mais il n'y a pas de différences psychiques.
- Chaque fois qu'une femme revendique son égalité avec l'homme, elle fonde sa différence. La différence c'est que la femme n'a pas en pratique les mêmes droits que l'homme.
- Nous n'avons pas parlé de la transexualité. Là, il n'y a ni du biologique, ni du culturel. Un homme peut se sentir totalement femme et pourtant en cela il n'y a rien de biologique.
- ...
TEXTES
Gustave Le Bon, "Recherches anatomiques et mathématiques sur les lois des variations du volume du cerveau et sur leurs relations avec l'intelligence"
"Dans les races les plus intelligentes, comme les Parisiens, il y a une notable proportion de la population féminine dont les crânes se rapprochent plus par le volume de ceux des gorilles que des crânes du sexe masculin les plus développés. [...] Cette infériorité est trop évidente pour être contestée un instant, et on ne peut guère discuter que sur son degré. Tous les psychologistes qui ont étudié l'intelligence des femmes ailleurs que chez les romanciers et les poètes reconnaissent aujourd'hui qu'elles représentent les formes les plus inférieures de l'évolution humaine et sont beaucoup plus près des enfants et des sauvages que de l'homme adulte civilisé. Elles ont des premiers la mobilité, et l'inconstance, l'absence de réflexion et de logique, l'incapacité à raisonner ou à se laisser influencer par un raisonnement, l'imprévoyance et l'habitude de n'avoir que l'instinct pour guide. [...] On ne saurait nier, sans doute, qu'il existe des femmes fort distinguées, très supérieures à la moyenne des hommes, mais ce sont là des cas aussi exceptionnels que la naissance d'une monstruosité quelconque, telle par exemple qu'un gorille à deux têtes, et par conséquent négligeables entièrement.
Vouloir donner aux deux sexes, comme on commence à vouloir le faire en Amérique, la même éducation, et par suite leur proposer les mêmes buts, est une chimère dangereuse. [...] Le jour où, méprisant les occupations inférieures que la nature lui a données, la femme quittera son foyer et viendra prendre part à nos luttes, ce jour-là commencera une révolution sociale où disparaîtra tout ce qui constitue aujourd'hui les liens sacrés de la famille et dont l'avenir dira qu'aucune n'a été plus funeste." (G. Le Bon, "Recherches anatomiques et mathématiques sur les lois des variations du volume du cerveau et sur leurs relations avec l'intelligence", Revue d'Anthropologie, 2e série, t. 2, pp. 27-104)
Lacan
"La femme n'existe pas".
Margaret Mead, Mœurs et sexualité en Océanie
"Il nous est maintenant permis d'affirmer que les traits de caractère que nous qualifions de masculins ou de féminins sont pour un grand nombre d'entre eux, sinon en totalité, déterminés par le sexe d'une façon aussi superficielle que le sont les vêtements, les manières, ou la coiffure qu'une époque assigne à l'un ou l'autre sexe. Quand nous opposons le comportement typique de l'homme ou de la femme arapesh [société d'Océanie étudiée par M. Mead] à celui non moins typique de l'homme ou de la femme mundugumor [autre société d'Océanie étudiée par M. Mead], l'un et l'autre apparaissent de toute évidence être le résultat d'un conditionnement social. Comment expliquer autrement que les enfants arapesh deviennent presque uniformément des adultes paisibles, passifs et confiants, alors que les jeunes mundugumor, d'une façon aussi caractéristique, se transforment en êtres violents, agressifs et inquiets ? Seule la société, pesant de tout son poids sur l'enfant, peut être l'artisan de tels contrastes. Il ne saurait y avoir d'autre explication - que l'on invoque la race, l'alimentation ou la sélection naturelle. Nous sommes obligés de conclure que la nature humaine est éminemment malléable, obéit fidèlement aux impulsions que lui communique le corps social. Si deux individus, appartenant chacun à une civilisation différente, ne sont pas semblables (et le raisonnement s'applique aussi bien aux membres d'une même société) c'est, avant tout, qu'ils ont été conditionnés de façon différente, particulièrement au cours de leurs premières années : or c'est la société qui décide de la nature de ce conditionnement. La formation de la personnalité de chaque sexe n'échappe pas à cette règle : elle est le fait d'une société qui veille à ce que chaque génération, masculine ou féminine, se plie au type qu'elle a imposé" M. Mead, Moeurs et sexualité en Océanie, pp 312-313.

 

Si cet article vous a plu, téléchargez-le ! Téléchargez cet article
mais soyez gentils envoyez-nous un mail pour nous dire ce qu'il devient !

 

 

 


Réagir

Votre adresse :

Le sujet :

Votre courrier :


   
HomeVie de l'IncendiaireLes archivesLiensActualité PhiloForumHelp !!!Nous quitter... déjà ?
©Copyright L'Incendiaire 1996-1999 ; une publication de l'association Philosophie par Tous
Tous droits réservés(sauf si vous nous envoyez un gentil mail à lincendiaire@multimania.com !)