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Le travail rend-il libre ?

débat au Gil'bar le 20 mars 1996

 

Paru dans l'Incendiaire n°2, novembre 1997
6 pages



Résumé

SUJETS PROPOSES
Le suicide est-il un acte de liberté ?
Il marche sur les os des autres, comment fait-il ?
Le travail rend-il libre ?
SUJET CHOISI
Le travail rend-il libre ?

Vous pouvez trouver des extraits de textes en rapport avec le débat par ici

 

Sommaire rapide

- La personne qui a proposé le sujet s'est expliquée. C'est une question qu'on doit se poser lorsqu'on travaille et même lorsqu'on est chômeur. Le travail est une activité rémunérée en fonction de ce qu'on peut apporter. La question porte donc d'abord sur le salariat et il semble que lorsqu'on est salarié, on n'est pas libre. D'un autre côté le travail nous donne des revenus qui nous permettent de vivre.
- Il faudrait s'interroger sur la liberté, qu'est-ce qu'on entend par être libre ?
- Le travail, parce qu'il permet d'obtenir une autonomie, permet d'agir, de vivre.
- C'est une liberté de faire et d'agir mais est-ce que c'est réellement ça être libre ?
- On parle de liberté matérielle mais est-ce que c'est suffisant ?
- Le travail nous aliène beaucoup plus qu'il nous libère.
- C'est sur le fronton du camp d'Auschwitz qu'il y avait écrit "le travail rend libre". Y a-t-il une signification à ce cynisme ?
- C'était une théorie d'Hitler, non ? C'est au niveau du peuple qu'il disait cela, le peuple doit gagner sa liberté en travaillant.
- N'était-ce pas une escroquerie ? C'est cynique mais cela va aussi au-delà du cynisme, derrière il y a là une bonne image du capitalisme poussé à l'extrême. Cela montre que pour le capitalisme le travail est une aliénation sans échappatoire qui va jusqu'à la mort. Auschwitz illustre ce qu'est le capitalisme, l'exploitation de l'homme par le travail.
- Mais dans quel but cette phrase a-t-elle été écrite sur le fronton d'un camp de concentration ?
- Est-ce que ce sont les nazis qui ont écrit ça ou n'est-ce pas parce que Auschwitz est une ancienne fabrique ?
- N'est-ce pas plutôt parce qu'avant d'être des camps de concentration c'étaient des camps de travail ?
- On retrouve avec Luther ou avec Hegel que le travail est un moyen pour se réaliser, il nous confère une dignité.
- Chez les grecs c'est le contraire.
- Chez Marx le travail est une définition de l'humanité. C'est ce qui caractérise l'homme par rapport aux animaux " l'homme est un animal qui fabrique des outils ". Le travail c'est ce qui rend l'homme humain, mais est-ce que ça le rend libre ?
- Ce n'est pas le travail lui-même mais c'est le contexte qui est aliénant. Le travail est inhérent à l'homme mais ce qui est aliénant c'est que l'homme travaille toujours plus et il ne peut plus penser.
- Du moment où il ne se réalise pas dans son travail il est forcément aliéné, s'il s'y réalise il est libre.
- Ceux qui sont soumis aux travaux forcés ne sont pas libres.
- C'est ce que je dis, lorsqu'on est soumis aux travaux forcés on n'est pas libre.
- Il faudrait donner la définition du travail.
- La notion " se réaliser " est trop subjective, je vais me réaliser et d'autres non.
- Ne se réalise-t-on pas plus en ne foutant rien ? En faisant ce qui nous plaît ?
- On peut se réaliser dans un travail bénévole.
- Le problème c'est qu'on associe travail à argent. Le travail nous permet de gagner de l'argent mais le travail c'est beaucoup plus vaste. Dans notre société on a besoin de l'argent que nous rapporte notre travail, on est obligé de travailler et donc on n'est pas libre.
- Le travail n'est plus seulement un moyen aujourd'hui. Il donne une certaine liberté c'est en cela qu'il est un moyen mais il est aussi une fin, il y a des personnes qui ne vivent que pour travailler et qui n'ont pas de vie, elles s'oublient complètement et ne sont pas libres.
- Le travail est un moyen qu'a trouvé l'État pour asservir les hommes et pour leur donner l'illusion de la liberté, l'argent est-ce vraiment la liberté ?
- Qui le travail rend-il libre, soi ou les autres ?
- A qui profite le travail que l'on fait ? Notre travail ne nous rend peut-être pas libre mais il permet à d'autres de l'être.
- Mais on en revient toujours au même car être libre c'est avoir de l'argent pour agir comme on veut. Pourtant la liberté n'est-ce vraiment que cela ?
- Il y a des mots comme ça qui sont hypnotiques et cela nous conduit à des impasses. Toutes les dissertations sur la liberté conduisent à des apories car la liberté se caractérise par ce qui n'est pas liberté. On en reste souvent à des abstractions. Ce qui est réel dans la vie c'est qu'on a toujours à faire des choses en vue de produire. Si on se polarise sur la liberté dans la question posée ça va nous poser des problèmes. Il faut s'appuyer sur la notion de travail. Or il n'y a pas un travail mais des travaux. Il faut abstraire et donc se pencher sur les travaux. Les travaux rendent-ils libres ? Et s'il y a des travaux qui rendent libres quels sont-ils ? Travailler à la mine en Afrique du sud ne rend pas libre car ça prend énormément de temps et de force et en plus c'est dangereux. En dehors de ce genre de travaux qui ne sont pas vraiment des travaux, car travailler c'est produire et non pas seulement ramasser, il y a des travaux qui permettent de gagner du temps pour être libre, par exemple jouer en bourse, on gagne beaucoup d'argent pour avoir du temps libre.
- Jusqu'à maintenant on parlait de la liberté donnée par le travail à l'extérieur du travail. Ce que tu viens de dire en parle aussi mais recentre la question sur la liberté à l'intérieur du travail et surtout obscurcie les choses sur la nature du travail. Comment peut-on dire que travailler à la mine n'est pas du travail et surtout jouer à la bourse est-ce vraiment du travail ?
- En reprenant la bourse, si c'était un travail qui était la clef de la liberté, tout le monde jouerait en bourse. Or il y a des gens qui travaillent à la mine. Dans la notion de travail il y a des contraintes horaires, hiérarchiques, salariales. Ces contraintes ne sont pas abstraites. Le travail c'est avoir de l'argent en contrepartie de son travail, ce n'est pas abstrait.
- Ce n'est pas ce que je disais lorsque j'ai parlé d'abstraction. Le danger, pour la question du sujet, c'est de l'aborder dans l'abstrait c'est-à-dire en général et d'une manière vague. Il faut prendre la chose dans le concret. Pour ceux qui travaillent, leur travail leur permet de générer un capital pour être libre c'est-à-dire faire ce que l'on veut à l'extérieur du travail, avoir du temps libre. Celui qui joue en bourse travaille mieux, il est plus efficace car il gagne beaucoup d'argent et donc il a plus de temps libre. Il vaut mieux jouer en bourse que travailler à la mine mais tous ne pensent qu'à une chose "ne pas travailler".
- Je ne suis pas d'accord. Les chômeurs veulent travailler. Le travail donne de l'argent, du temps libre. Mais au niveau du travail même il peut y avoir de la liberté surtout dans les travaux qui demandent la pensée et la réflexion, par exemple tous les travaux de recherche, les travailleurs sociaux, etc.
- Est-ce la majorité qui travaille dans ces domaines ?
- Non bien sûr, mais si on recherche la liberté dans son travail, ces travaux sont adoptés majoritairement.
- S'il faut travailler 11 mois pour dire : "je suis libre le 12ème", c'est mince comme liberté ! c'est seulement consommer et la liberté n'est-ce vraiment que cela ?
- Dans notre société on s'imagine tous comme libres or travailler c'est ne pas l'être, on dépend de son patron etc... On n'est pas libre et le travail c'est peut-être le seul moyen qu'on a trouvé pour nous le faire croire.
- Il y a deux sortes de travail : le travail avilissant qui ne sert qu'à amasser de l'argent pour être libre en dehors de ce travail, et le travail qui exige autre chose que l'argent, c'est-à-dire être reconnu ou créer quelque chose par exemple des bâtiments ou des idées. C'est ce qui fait qu'on choisi un travail plutôt qu'un autre, on choisi un travail qui va nous apporter quelque chose.
- Le travail dans ce qu'on a dit nous rend libre en dehors du travail en nous donnant de l'argent mais on ne se sent pas libre lorsqu'on est en train de travailler. Pourtant le travail c'est produire, transformer les choses, ajouter de la valeur à la matière brute, n'est-ce pas ce qui est gratifiant ?
- A ce moment-là pourquoi travailler ? Et si travailler c'est produire, pourquoi produire ?
- Pour satisfaire ses besoins mais aussi parce que ça fait plaisir. Lorsqu'on est joyeux de produire c'est gratifiant.
- Il n'y a pas beaucoup de chômeurs qui disent "chouette, je suis chômeur".
- Moi si je travaille ce n'est ni parce que ça me fait plaisir ni parce que c'est gratifiant mais c'est à cause de l'argent.
- C'est l'impératif alimentaire.
- Le travail est donc l'opium du peuple.
- Le travail même aliénant donne une identité sociale malgré tout, on a sa place, on est reconnu.
- C'est assez paradoxal car d'un côté le travail est très contraignant mais on peut aussi s'y retrouver. Le travail permet de vivre et d'avoir des échanges avec les autres.
- On ne prend appui que sur la situation actuelle. On ne prend en considération que l'argent qui permet de dégager du temps pour soi. Un chômeur a du temps et pas d'argent et sans argent ce n'est pas intéressant car on ne peut pas consommer c'est-à-dire user de choses utiles. Notre vie se situe bien par rapport à la consommation (comme la consommation divine de l'hostie à la messe). La consommation est au cœur même de notre existence. La société de consommation est méprisée mais c'est un point de vue abstrait car ce qui est motivant c'est d'avoir du plaisir et plus on a d'argent, plus on peut avoir du plaisir. S'il y a une loi c'est l'argent et le problème c'est que le travail que l'on fait n'est pas toujours un ouvrage comme peut l'être le travail de l'architecte par exemple. Il y a des travaux quelconques, sans intérêt pour soi car ils sont aliénants. Ils n'apportent rien, sont fatiguants et mal payés. Il y a des travaux sans travail pour soi.
- Donc finalement tu dis que consommer pour manger ou pour lire ça revient au même car ça nous constitue. J'aimerais qu'on me donne le prix des concepts. On consomme ce qu'on estime être le meilleur pour soi, mais si je m'attache à des lectures est-ce que je peux savoir ce qui est bien pour moi ?
- Si j'ai bien compris, tu fais la différence entre biens matériels et biens intellectuels et tu dis qu'on ne consomme pas les biens intellectuels.
- Je veux dire qu'on sait ce que nous apporte la nourriture mais pas ce que nous apporte ce qu'on lit.
- Au niveau de la consommation, on consomme des biens matériels mais la liberté passe-t-elle par la consommation ? D'autre part j'ai l'impression que tu dis que ceux qui font un travail aliéné ne travaillent pas vraiment et ceux qui font un travail plus "élevé" travaillent réellement.
- Le travail existe-t-il pour une personne qui est passionnée par lui ou seulement pour quelqu'un qui subit ?
- La notion de plaisir, de passion ne peut pas occulter le travail.
- Quelqu'un qui est motivé par son travail n'a pas l'impression de travailler. Ce "travail" n'est pas aliénant car ce n'est pas considéré comme du travail.
- Mais après avoir travaillé un certain temps on n'est plus passionné. Après quelques années on se rend compte qu'il s'agit vraiment de travail.
- Lorsqu'on fait un travail intellectuel (professeurs, intellectuels, philosophes...) on n'a pas l'impression de travailler.
- Pour en revenir à la consommation, on est dans une société de consommation mais on ne consomme pas pareil un spectacle ou une bière. D'autre part certains sont exclus de cette société de consommation, pourquoi sont-ils exclus ?
- Mais est-ce que consommer c'est être libre ?
- Est-ce que le travail nous rendrait libre s'il n'y avait pas d'argent ?
- Il y a deux sortes de travaux : d'un côté c'est quelque chose où je suis en action et je produis, d'un autre le travail peut être création d'expression, ce dernier peut être de la liberté. Travailler c'est faire quelque chose, avoir une activité.
- Le travail est aussi une identité sociale. Le rentier qui ne travaille pas a aussi cette identité.
- Un rentier travaille-t-il ? Ce qui est important c'est qu'il a l'impression de travailler alors qu'il ne travaille pas. Travailler c'est une activité de transformation, de production de valeur. Dans notre société ces travaux sont le plus souvent aliénés. Donc il n'y a que les travaux aliénés qui sont du travail et personne ne veut faire cela. Par contre tout le monde veut être cadre ou avoir un travail intellectuel (professeur par exemple) mais ce n'est pas du travail car rien n'est transformé ni produit.
- Si, le professeur change l'intellect de ses élèves.
- C'est ce qu'il aimerait faire mais y arrive-t-il vraiment ? Il ne produit rien, son activité consiste surtout à sélectionner. D'autre part un élève travaille-t-il ?
- Il produit une connaissance...
- Il n'y a pas d'un côté des gens qui travaillent et d'un autre des gens qui ne travaillent pas, il n'y a pas de coupure entre travail manuel et travail intellectuel. Tout travail peut produire du sens pour moi, pour la société. Je parlerais plutôt d'activité. Je pense qu'il n'y a pas de manuels, il n'y a que des intellectuels qui sont plus ou moins manuels.
- C'est peut-être ce qui devrait être mais est-ce vraiment ce qui est ? La coupure entre travail manuel et travail intellectuel est une réalité dans notre société.
- On dit que les élèves ne travaillent pas car ils n'ont pas de salaire.
- La production de valeur ce n'est pas le salaire. Quand on travaille on produit de la valeur et cela n'a rien à voir avec le salaire qui n'est qu'un petite partie de la valeur produite. Un élève coûte de l'argent à la société, non seulement il ne produit rien mais il coûte cher.
- "L'éducation d'un homme vaut mieux que tout son or", on retirera de l'argent de l'éducation.
- Quand on forme un élève c'est un investissement car il est sensé produire de la valeur après ses études, lorsqu'il travaillera.
- Cela est valable dès l'enfance.
- Je voudrais prendre un exemple peut-être plus clair : un policier travaille-t-il ?
- Un policier travaille car il apporte à tout le monde, il fait le travail que les gens ne veulent pas faire qui est de s'auto-discipliner.
- Il est là pour l'ordre public.
- Dire que des gens travaillent d'autres non c'est étrange. L'étudiant travaille car on attend de lui un retour plus tard. On ne permet pas aux étudiants de se former pour leurs beaux yeux. On veut qu'ils rentrent dans la vie active pour être productifs.
- Il ne travaillera que lorsqu'il sera dans la vie active donc il ne sera plus étudiant. Un étudiant ne travaille pas.
- Du moment qu'il est à l'école il ne produit rien, mais il produira.
- On donne quand même des bourses à l'étudiant.
- Les bourses sont une forme d'égalité.
- Pas vraiment car au bout d'un moment ça ne marche plus. Un fils de bourgeois ira faire des études plus chères, par exemple H.E.C. coûte 30 000 francs par an.
- Ceux qui sont libres ne travaillent pas et ceux qui travaillent ne sont pas libres. Si on reprend l'exemple du système scolaire on voit que tous les élèves veulent suivre des filières qui pourraient leur permettre d'être cadres parce que c'est une activité plus libre mais c'est un entonnoir, peu y arrivent et les autres seront ouvriers c'est-à-dire ne seront pas libres. Or un cadre ne travaille pas puisqu'il ne produit rien et un ouvrier travaille.
- Une société qui serait composée seulement de cadres et de philosophes est une fiction car rien ne serait produit.
- Une société qui ne serait composée que de cadres pourrait marcher si on leur donne de la nourriture, mais qui donne la nourriture ? Il faut de tout pour tout le monde mais tous veulent tout pour soi.
- La production dans notre société n'est pas de l'esclavage. Le professeur forme c'est-à-dire produit d'une manière différente. Le professeur produit un futur ouvrier qui produira. Il y a ici échange et travail.
- Un cadre encadre et il est payé pour ça. Le cadre comme l'ouvrier est salarié, il est soumis à des contraintes d'horaires, il a des obligations de résultats et donc il travaille. Le travail c'est quand l'individu rencontre des contraintes.
- Le travail n'est pas d'abord une contrainte. L'ouvrier travaille car il produit de la valeur. Par son travail il ajoute quelque chose à de la matière brute. Quelle valeur un cadre peut-il bien produire ? Quelle matière brute transforme-t-il ?
- L'ouvrier peut-il travailler sans cadre ?
- Le cadre comme le professeur et le policier ne travaille pas. Ils ont une fonction répressive. Avec quoi paie-t-on leur activité ? Avec une partie de la valeur produite par l'ouvrier.
- Le cadre donne de la valeur au travail car il participe à l'organisation de l'entreprise.
- Est-ce ce qui explique qu'il ait un salaire beaucoup plus élevé ?
- Ce n'est pas toujours vrai.
- Un chef d'orchestre ne joue pas la musique mais il est très utile.
- Le plus gros salaire est 2,5 millions de francs par mois, le plus bas à peu près 5500 francs par mois, trouvez-vous normal que quelqu'un gagne 450 fois plus que quelqu'un d'autre ?
- Et il s'agit de salaire et non pas de revenus, on a quand même tous les mêmes besoins.
- Plus tu as d'argent, plus tu en veux, plus tu es libre et plus tu peux influencer sur ton environnement. Celui qui gagne moins a moins de liberté.
- Si on dit que le travail rend libre parce qu'il permet d'avoir de l'argent, pas grand monde n'est libre, beaucoup ne pourront jamais accéder à cette liberté parce qu'il n'ont pas de travail ou que leur travail est très mal payé. Pourquoi y a-t-il des exclus ?
- La stabilité d'une société est pervertie lorsque quelqu'un qui est en haut de la pyramide préfère donner du travail à son fils plutôt qu'à un autre.
- Tu ne fais que décrire l'injustice qui se passe actuellement. Mais accepter l'accès de certains et pas des autres c'est principalement accepter la hiérarchie et donc l'inégalité. Un ouvrier peut travailler sans cadre, c'est l'existence de la hiérarchie dans notre société qui nous fait penser le contraire, s'il n'y avait pas de hiérarchie il n'y aurait pas besoin de cadres.
- Qui aura envie de faire des études plus longues pour gagner autant qu'un ouvrier qui étudie moins longtemps ?
- Ce que tu présupposes en posant cette question c'est que l'activité intellectuelle est plus pénible que le travail manuel, or ne dit-on pas le contraire depuis tout à l'heure ? D'autre part ne peut-on pas penser que certains prennent du plaisir à étudier ?
- Ce n'est pas que c'est pénible mais il faut plus de temps pour y parvenir.
- Lorsqu'on étudie on vit le meilleur de sa vie. Je ne regretterai pas d'avoir fait des études même si je deviens ouvrier.
- Moi je n'aurais pas envie de suivre des études longues pour gagner comme ceux qui n'étudient pas.
- Dans une entreprise tu ne peux pas tout faire. Certains sont donc obligés de faire des études plus poussées mais il n'y a pas de raison qu'ils gagnent plus qu'un ouvrier. L'ouvrier produit mais ce produit n'est rien pour lui.
- Mais plus tu travailles, plus tu peux progresser, plus tu peux avoir de liberté.
- Mais si tu restes à l'intérieur de ton travail, sans parler d'argent, l'ouvrier et le patron seront toujours aliénés car le fruit de leur travail ne leur appartient pas.
- L'ouvrier est moins libre par rapport à l'étudiant ou au chômeur car il est aliéné par son travail et il gagne peu d'argent. L'étudiant peut faire ce qu'il veut (exemple : sortir) l'ouvrier trop fatigué n'a pas le temps de faire ce qu'il veut. Le manque de liberté vient du manque de temps.
- Quand on a du temps libre on peut faire ce qu'on veut.
- La liberté est-ce vraiment avoir de l'argent ? Car les pauvres peuvent être libres et pas les riches. La liberté n'est-elle pas plutôt être soi-même ?
- Comment être soi-même lorsqu'on a des obligations ? Quand on est en train de travailler peut-on être soi-même ?
- Le travail est le moment où on s'appartient le moins. Dans certains travaux on ne peut pas être libre car quand on rentre chez soi après avoir fait pendant huit heures le même geste on est dénaturé, on se perd soi-même, on n'a plus d'identité, on n'est qu'une bête, on ne pense plus.
- On ne pense plus peut-être parce qu'on n'a jamais appris à penser (exemple des enfants dans les mines).
- Pourquoi travaille-t-on, le travail est-il nécessaire à l'homme ? Il y a travail pour acquérir, donc la nécessité est celle de l'acquisition.
- Quel est le rapport entre le travail à la chaîne et le bricolage ?
- Les gens peuvent par leurs relations s'entraider, échanger leurs savoirs. Mais il faudrait faire un échange de même valeur.
- Qu'est-ce qui donne la valeur aux choses ? Pourquoi une voiture coûte-t-elle beaucoup plus cher que cette table ? Il faut plus de temps pour fabriquer une voiture, il y a beaucoup plus de travail incorporé en elle, c'est ce qui lui confère sa valeur.
- Le travail est lié à la douleur et au déplaisir, l'accouchement est du travail.
- Est-ce que la douleur peut rendre libre ?
- "Tu enfanteras dans la douleur" (Genèse) Avant on mettait l'accent sur la douleur aujourd'hui on le met sur le désir de donner la vie. Le désir de donner la vie domine la douleur.
- Aujourd'hui les nouvelles techniques cherchent à diminuer la douleur.
- Dans le Genèse il y a aussi "Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front" ce travail pénible est réservé à l'homme et a son équivalent dans l'accouchement de la femme. Si dans l'accouchement le désir de donner la vie prime aujourd'hui sur la douleur pourquoi dans le travail le désir de créer ne primerait-il pas sur l'aspect pénible ?
- Le travail est le propre de l'homme mais aujourd'hui on n'arrive pas à y échapper. Nous sommes englués dans la nécessité du travail.
- ...

 

 

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