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Extraits de textes

 

Paru dans l'Incendiaire n°5, février 1998
3 pages



Résumé

Extraits de textes en rapport avec le débat "L'idéal pour l'homme est-ce l'individualisme ou le collectivisme ?"

 

Extraits de :
Aristote, Politique
Comte, Système de politique positive
Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique
Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain
Bakounine, Dieu et l'Etat
Marx, La question juive
Marx, Le capital

 

Sommaire rapide

Aristote, Politique
"En outre, la cité est par nature antérieure à la famille et à chacun de nous pris individuellement. Le tout, en effet, est nécessairement antérieur à la partie, puisque le corps entier une fois détruit, il n'y aura ni pied, ni main, sinon par simple homonymie et au sens ou l'on parle d'une main de pierre : une main de ce genre sera une main morte [...]
Que dans ces conditions la cité soit aussi antérieure naturellement à l'individu, cela est évident : si en effet l'individu pris isolément est incapable de se suffire à lui-même, il sera par rapport à la cité, comme dans nos autres exemples, les parties sont par rapport au tout. Mais l'homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement le besoin parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait en rien partie d'une cité, et par conséquent est ou une brute ou un dieu. [...] Nous en déduisons qu'à l'évidence la cité fait partie des choses naturelles, et que l'homme est par nature un animal politique, si bien que celui qui vit hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être sur-humain" (Aristote, Politique I, 2)

Comte, Système de politique positive
"La décomposition de l'humanité en individus proprement dits ne constitue qu'une analyse anarchique, autant irrationnelle qu'immorale, qui tend à dissoudre l'existence sociale au lieu de l'expliquer, puisqu'elle ne devient applicable que quand l'association cesse. Elle est aussi vicieuse en sociologie que le serait, en biologie, la décomposition chimique de l'individu lui-même en molécules irréductibles, dont la séparation n'a jamais lieu pendant la vie. A la vérité, quand l'état social se trouve profondément altéré, la dissolution pénètre, à un certain degré, jusqu'à la constitution domestique, comme on ne le voit que trop aujourd'hui. Mais, quoique ce soit là le plus grave de tous les symptômes anarchiques, on peut alors remarquer, d'une part, la disposition universelle à maintenir autant que possible les anciens liens domestiques, et, d'autre part, la tendance spontanée à former de nouvelles familles, plus homogènes et plus stables. Ces cas maladifs confirment donc eux-mêmes l'axiome élémentaire de la socologie statique : la société humaine est composée de familles et non d'individus. Suivant un principe philosophique posé, depuis longtemps, par mon ouvrage fondamental, un système quelconque ne peut être formé que d'éléments semblables à lui et seulement moindres. Une société n'est donc pas plus décomposable en individus qu'une surface géométrique ne l'est en lignes ou une ligne en points" (Comte, Système de politique positive [1851], in Oeuvres, tome II, chap. III, Ed. Anthropos, 1968, pp. 180-182)

Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique
"Le moyen dont la nature se sert pour mener à bien le développement de toutes ses dispositions est leur antagonisme au sein de la Société, pour autant que celle-ci est cependant en fin de compte la cause d'une ordonnance régulière de cette Société. J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d'une répulsion générale à le faire menaçant constamment de désagréger cette société.
L'homme a un penchant à s'associer, car dans un tel état, il se sent plus qu'homme par le développement de ses dispositions naturelles. Mais, il manifeste aussi une propension à se détacher (s'isoler), car il trouve en même temps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens ; et de ce fait, il s'attend à rencontrer des résistances de tous côtés, de même qu'il se sait par lui-même enclin à résister aux autres. C'est cette résistance qui éveille toute les forces de l'homme, le porte à surmonter son inclination à la paresse, et sous l'impulsion de l'ambition, de l'instinct de domination ou de cupidité, à se frayer une place ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer. L'homme a alors parcouru les premiers pas qui, de la grossièreté, le mènent à la culture dont le fondement véritable est la valeur sociale de l'homme" (Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique [1784], trad. S. Piobetta, Gonthier-Médiations, p 31)

Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain
"L'organisation ou configuration [...] ne suffirait pas pour faire demeurer idem numéro ou le même individu ; car la configuration peut demeurer spécifiquement, sans demeurer individuellement. Lorsqu'un fer à cheval se change en cuivre dans une eau minérale de la Hongrie, la même figure en espèce demeure, mais non pas la même en individu, car le fer se dissout et le cuivre, dont l'eau est imprégnée, se précipite et se met insensiblement à la place. Or la figure est un accident, qui ne passe pas d'un sujet à l'autre. Ainsi il faut dire que les corps organisés aussi bien que d'autres ne demeurent les mêmes qu'en apparence, et non pas en parlant avec rigueur. C'est à peu près comme un fleuve, qui change toujours d'eau, ou comme le navire de Thésée que les athéniens réparaient toujours." (Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain, Livre II, chapitre XXVII, §4, GF, p 197-198)

Bakounine, Dieu et l'Etat
"La liberté des individus n'est point un fait individuel, c'est un fait, un produit collectif. Aucun homme ne saurait être libre en dehors et sans le concours de toute l'humaine société. Les individualistes ou les faux-frères que nous avons combattus dans tous les congrès de travailleurs, ont prétendu, avec les moralistes et les économistes bourgeois, que l'homme pouvait être libre, qu'il pouvait être homme, en dehors de la société, disant que la société avait été fondée par un contrat libre d'hommes antérieurement libres [...]. Tout ce qui est humain dans l'homme, et plus que toute autre chose la liberté, est le produit d'un travail social, collectif. Etre libre dans l'isolement absolu est une absurdité inventée par les théologiens et les métaphysiciens [...]. Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes et femmes, sont également libres. La liberté d'autrui, loin d'être une limite ou un négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmaion. Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d'autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent, et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté. C'est au contraire l'esclavage des hommes qui pose une barrière à ma liberté, ou ce qui revient au même, c'est leur bestialité qui est une négation de mon humanité parce que, encore une fois, je ne puis me dire libre vraiment, que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d'homme, mon droit humain, qui consiste à n'obéir à aucun homme et à ne déterminer mes actes que conformément à mes convictions propres, réfléchis par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l'assentiment de tout le monde. Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tout le monde s'étend à l'infini" (Bakounine, Dieu et l'Etat (1871).

Marx, La question juive
"La liberté est donc le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Les limites dans lesquelles chacun peut se mouvoir sans nuire à autrui sont marquées par la loi, de même que la limite de deux champs est déterminée par un piquet. Il s'agit de la liberté de l'homme considéré comme monade isolée, repliée sur elle-même [...]. Le droit de l'homme, la liberté ne repose pas sur les relations de l'homme avec l'homme mais sur la séparation de l'homme d'avec l'homme. C'est le droit de cette séparation, le droit de l'individu limité à lui-même. L'application pratique du droit de liberté c'est le droit de propriété privée. Mais en quoi consiste ce dernier droit ? Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie [Constitution de 1793 Art. 16]. Le droit de propriété est donc le droit de jouir de sa fortune et d'en disposer "à son gré" sans se soucier des autres hommes, indépendamment de la société ; c'est la droit à l'égoïsme. C'est cette liberté individuelle, avec son application, qui forme la base de la société bourgeoise. Elle fait voir à chaque homme, dans un autre homme, non pas la réalisation, mais plutôt la limitation de sa liberté. Elle proclame avant tout le droit "de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie" (Marx, La question juive [1843], 10/18, 1968, p 37-39).

Marx, Le capital
"La sphère de la circulation des marchandises, où s'accomplissent la vente et l'achat de la force de travail, est en réalité un véritable Eden des droits naturels de l'homme et du citoyen. Ce qui y règne seul c'est Liberté, Egalité, Propriété et Bentham. Liberté ! car ni l'acheteur, ni le vendeur d'une marchandise n'agissent par contrainte ; au contraire ils ne sont déterminés que par leur libre arbitre. Ils passent contrat ensemble en qualité de personnes libres et possédant les mêmes droits. Le contrat est le libre produit dans lequel leurs volontés se donnent une expression juridique commune. Egalité ! car ils n'entrent en rapport l'un avec l'autre qu'à titre de possesseurs de marchandises, et ils échangent équivalent contre équivalent. Propriété ! car chacun ne dispose que de ce qui lui appartient. Bentham ! car pour chacun d'eux il ne s'agit que de lui-même. La seule force qui les mette en présence et en rapport est celle de leur égoïsme, de leur profit particulier, de leurs intérêts privés. Chacun ne pense qu'à lui, personne ne s'inquiète de l'autre, et c'est précisément pour cela qu'en vertu d'une harmonie préétablie des choses, ou sous les auspices d'une providence toute ingénieuse, travaillant chacun pour soi, chacun chez soi, ils travaillent du même coup à l'utilité générale, à l'intérêt commun. Au moment où nous sortons de cette sphère de la circulation simple qui fournit au libre-échangiste vulgaire ses notions, ses idées, sa manière de voir et le critérium de son jugement sur le capital et le salariat, nous voyons, à ce qu'il semble, s'opérer une certaine transformation dans la physionomie des personnages de notre drame. Notre ancien homme aux écus prend les devants et, en qualité de capitaliste, marche le premier ; le possesseur de la force de travail le suit par-derrière comme son travailleur à lui ;celui-là, le regard narquois, l'air important et affairé ; celui-ci timide, hésitant, rétif, comme quelqu'un qui a porté sa propre peau au marché, et ne peut plus s'attendre qu'à une chose : être tanné" (Marx, Le capital, Livre I, chapitre VI, 1867.

 

 

 

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